Bullshit Ent

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dimanche 30 mars 2014

her - Spike Jonze

Bonsoir tout le monde.
Ce dimanche on se retrouve avec la première "vraie" love story sur Bullshit Ent (non, La Belle et la Bête c'était un peu de la bullshit à ce niveau là). La love story c'est her de Spike Jonze, et pas la peine de vous dire que c'est une première dans l'histoire des love story puisque la jeune fille à séduire est une système OS (pour les incultes : http://fr.wikipedia.org/wiki/Système_d%27exploitation). 
Le film a reçu l'Oscar du meilleur scénario original cette année, et en plus Spike Jonze a déjà fait parler de lui y a pas si longtemps avec Le Loup de Wall Street dans lequel il jouait.
Alors que vaut her ? Réponse, maintenant.

SIRI, MISE AU POINT

Spike Jonze, c'est un de ses réalisateurs/acteurs dont on entend pas parler pendant un demi-millénaire et qui ressurgissent avec la meilleure idée du monde.
Et pour la meilleure idée du monde Spike Jonze s'est entouré de deux acteurs talentueux : Joaquin Phoenix (l'Empereur dans Gladiator si le nom vous dit rien) et la sulfureuse Scarlett Johansson. 
Le challenge du film c'était de raconter une histoire d'amour entre un humain et une machine, et par extension entre un homme et une voix. 
On redéfinirait presque les notions de la mise en scène avec un tel projet. Le film promettait donc beaucoup puisque qu'on avait un acteur renommé, et une actrice plus que célèbre, qui fait s'interroger le monde : est-elle ici une actrice ou une doubleuse ? C'est un autre débat, on le garde pour une prochaine fois.

SIRI, DÉVELOPPEMENT
Je vous ai trouvé cinq pages "développement" sur Internet
SIRI PUTAIN

her est une petite perle cinématographique, à mes yeux. Une histoire d'amour c'est pas évident à raconter, on a d'ailleurs un bel exemple d'échec : La Belle et la Bête, et à l'échelle internationale : Twilight. Une love story réussie demande un développement des personnages et de leurs relations relativement important, c'est la pierre angulaire de l'histoire, et c'est ce qui fait de certains films d'amour des mauvais film.

Rappelons le scénario : le film prend place dans un futur proche qui a connu quelques innovations technologiques et informatiques, Theodore est un employé lambda dans une boîte qui écrit des lettres pour des gens qui n'ont pas le temps, et malgré sa grande sensibilité et sa gentillesse, Theo vit dans l'ombre de son ex femme. Il fait un jour l'acquisition d'un OS plus que développé, censé s'adapter à la personnalité de son utilisateur. Theo rencontre ainsi Samantha, un système d'exploitation intelligent, évolutif, et très sensible, et finalement ils tombent amoureux.
Le scénario est très bon. L'idée de base est excellente, mais le développement est également très bien construit puisque leur relation traverse toutes les étapes classiques d'une relation amoureuse, mais est pourtant redéfinie par la nature de Samantha.

Avant d'évoquer les grands points du film, statufions les petits.
Dans un premier temps, l'esthétiques du film est magnifiquement épurée. Elle fait écho à la "non-présence" de Scarlett Johansson, comme si son absence justifiait la simplicité du décor. Beaucoup de courbes, de couleurs unies, des appareils plats, fins. On marie ici très bien le progrès et le design, la société dans laquelle évolue Theo (et Sam ?) semble être à la fois esthète et techniciste. Un idéal de société vers lequel notre présent se dirige, ne serait-ce que par les appareils développés par Apple par exemple. Une situation que le film retranscrit à merveille.
Pour ce qui est de la musique, là aussi Spike Jonze a préféré la simplicité, juste des petits morceaux qui collent à l'instant. Mais la vraie prouesse musicale réside dans le lien avec la machine et sa propre capacité créative. L'exemple : dans une scène, Theo est allongé sur la plage, et on entend un petit morceau de piano, tout de suite on se dit "c'est beau, c'est bien choisi", et là Samantha dit "Tu aimes ? je l'ai composé pour retranscrire la sensation d'être avec toi sur la plage". La musique joue avec le montage et le thème, bref, du talent brut.

Bon, Joaquin Phoenix joue très bien. C'est un acteur doué qui peut jouer des rôles très différents, et celui de l'amoureux transi idéaliste lui convient bien. On salue la performance : il joue presque tout le temps seul, mais doit quand même parler à un autre personnage. Et bien sûr : on applaudit Scarlett Johansson, actrice ou simplement doubleuse, elle joue en tout cas très bien l'OS amoureuse toujours plus évolués. D'ailleurs le Festival de Rome lui attribué le prix de l'interprétation féminine. Elle le mérite.

Maintenant qu'en est-il de la réalisation ? Spike Jonze s'en sort très bien. Son film marie les astuces de montages, de musiques, de mise en scène, d'esthétique, et fait écho à la machine qu'est Scarlett Johansson. 
Là où Spike Jonze marque des points c'est que son film soulève des vraies questions sur l'avenir de l'homme et de la machine. Le fait que des humains sortent avec des OS se réalisera sans doute à l'avenir, pas de doutes là-dessus. Et quelque soit leur degré de perfection, les OS restent des objets, peut-on donc vraiment appeler ça une relation ? Le film évoque à un moment le fait que Samantha ne maintiendrait qu'une relation artificielle, parce que c'est une machine ? Oui, mais le travail de Theo ne consiste-t-il pas à entretenir des relations artificielles ? Pourtant c'est un humain. De même, le film semble insister sur le fait que les humains perdent leurs relations sociales à force de dialoguer avec les OS, est-ce un vrai lien social ? Theo n'était-il pas déjà asocial avant l'arrivée de Samantha dans sa vie ? Ne l'est-il pas plus une fois leur relation entamée ?
Le film aborde également le degré de développement des machines, toujours plus impressionnant, qui permet même de recréer un philosophe dans un OS, jusqu'où ira le progrès ?
Derrière ses aspects d'histoire d'amour originale, le film se targue d'un fond plus… profond (+1 pt rime de merde), qui met en garde la société sur son propre développement plutôt que sur les OS qui, au final, resteront uniquement des machines.

SIRI, CONCLUSION

her, c'est sans nul doute la love story de 2014 pour l'instant, pour son scénario, son degré de réussite, les questions qu'il soulève, et parce qu'il y a Scarlett Johansson aussi.
Allez le voir, foncez, il vaut sérieusement le détour.
Bonne soirée, et bonne séance.

LE MOT DE LA FIN

Cette semaine le mot de la fin revient à Maman qui nous dit que c'est "une bonne idée mais que le scénario tombe dans le cliché"
Chacun ses gouts après.

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