Bullshit Ent

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lundi 27 avril 2015

House of Cards S03, Quid ?

Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien, parce que moi oui : j'ai dédié cette après midi de révision à la rédaction d'un article pour Bulshit Ent.
Et, une fois n'est pas coutume, on se retrouve pour débattre d'une belle série. Et pas n'importe laquelle  : la saison 3 de House of Cards.

*musique du générique et plans accélérés de Washington D.C*

ATTENTION : L'équipe de Bullshit Ent tient à vous signaler la présence évidente de spoilers sur les saisons 1, 2 et 3 de House of Cards. Toute l'équipe insiste pour vous présenter ses excuses, mais ils n'ont pas pu faire autrement.
Bonne lecture.

ATTENDUE COMME JAMAIS

Les saisons 1 et 2 de HoC avaient pour elles la particularité de suivre une certaine continuité : celle de la vengeance et de l'ascension de Frank Underwood, l'antihéros au centre de la série.
En effet, trahi par le Président élu au début de la saison 1, Underwood -alors whip de la majorité- n'aura de cesse d'ourdir et de multiplier des complots à l'encontre du Président Walker, histoire de lui faire regretter de ne pas l'avoir nommé au Secrétariat d'État.
Après une élévation au sein de la majorité démocrate, puis de l'équipe présidentielle en elle-même, le Vice-Président Underwood arrive à faire démissionner Walker, et devient enfin le Président Underwood, au sortir de la saison 2.

La saison trois était donc cerclée de mystères et d'interrogations : mais qu'est ce que les gars de Netflix (c) et surtout David Fincher allait bien pouvoir ajouter à tout ça ?
S'agira-t-il de faire tomber Underwood ? Ou juste de suivre l'évolution de l'homme le plus machiavélique du petit écran dans la Maison Blanche ?

Bref, pendant un an, ce fut la débâcle la plus totale au sein de la communauté. Mais finalement, au mois de Mars 2015, Underwood revint.

ENTRE ULTRA RÉALISME ET IMAGINATION

Difficile de décrire cette troisième saison en quelques mots.
On sent bien l'ambition de cette nouvelle saison, qui coupe avec les deux précédentes : on nous parlait de pot-de-vin, d'abus de position dominantes, de deal journalistiques, de démissions, d'impeachment.
Et d'un coup on nous parle de l'ONU, du chômage, de réformes, du Jourdain, des Russes, de primaires... Bon Dieu en une seconde on est passé de derrière la politique à devant la politique. C'est fou.

Cette évolution, elle est placée sous le signe d'une ambivalence particulière : 
D'un côté le ton de HoC devient presque accusateur, baigné dans une volonté de réalisme allégorique certaine. Seul un aveugle ne saurait pas reconnaitre Vladimir Poutine sous les traits du Président Viktor Petrov (ils ont les mêmes initiales, c'est dire). Que dire également des Pussy Riots fictives, interprétées par les vraies Pussy Riots (celle qui ne sont pas en prison of course) ?
Avec cette troisième saison, Fincher s'attaque à des sujets en total rapport avec notre monde à nous : la crise du chômage américaine, le conflit israëlo-palestinien, le rôle de l'ONU... Et c'est parfois un peu fatiguant de reconnaitre des personnages et des faits réels à peine grimés en épisodes fictifs.

De l'autre côté, la série jusque là parfois connue pour son réalisme s'envole parfois dans des envolées inimaginables : on ose vouloir nous faire croire qu'Underwood nomme sa femme ambassadrice à l'ONU alors que la loi antinépotisme interdit ce genre d'action aux États-Unis depuis le mandat Kennedy ? De même pour la rencontre Underwood-Petrov au beau milieu de la vallée du Jourdain dans une petite hutte perdue au milieu du désert.

Mais je chipote, je chipote, si la série perd des points en réalisme ou en pertinence, elle en met beaucoup sur d'autre fronts :
On a presque affaire à de la poésie avec cette histoire de moines tibétains dans la Maison Blanche non ? 
D'ailleurs parlons-en de cette Maison Blanche, plus que jamais cette saison est dédiée au couple Underwood. Placé au centre de l'histoire, c'est bien Frank et Claire qu'il faut regarder, et pas vraiment les autres évènements.
Le couple présidentiel démarre en équipe soudée par l'adversité, le mensonge, la cruauté, le népotisme, et fini séparé car déchiré par les règles d'un jeu auquel ils savaient si bien jouer.

La vraie prouesse de la saison 3 de House of Cards n'est pas dans l'étalement de manigances politiques comme les deux autres, mais bien dans son développement de la Galaxie Underwood et de tout les personnages qui gravitent autour. 

CASTING & CHARACTERS

Et que dire de tout ces personnages. On a rarement vu le cercle relationnel autant mis à l'épreuve dans House of Cards. Les deux premières saisons ne mettaient jusque là l'accent que sur les Underwood, n'accordant que quelques petites séquences à des personnages secondaires (Doug, Remy...).

Mais cette fois, tout les personnages subissent un développement fulgurant. Aussi bien les anciens comme Jackie, Remy, ou Dunbar qui passent de deutagonistes à protagonistes indépendants suivant leurs propres destinées.
On applaudit également l'introduction de nouveaux personnages complexes, torturés, brutaux : le Président Petrov qui malgré quelques accès de gentillesse et de realpolitik reste un ours violent et intransigeant, qui signera la mort du couple présidentiel. Mon coup de coeur reste pour Thomas Yates, l'écrivain à succès qui semble mentir au fur et à mesure que l'intrigue se développe, et qui ne se révèle être qu'un requin qui profite de l'hospitalité de Frank.
Enfin, véritable renaissance de Doug, qui tel un phénix passe de zéro à héros en une saison.

Inutile de rappeler que la série et toujours porté par le duo d'acteurs que forment Kevin Spacey et Robin Wright, qui livrent chacun un jeu bien plus intimiste qu'auparavant, moins axé sur l'éloquence et la prestance qui caractérisaient leurs personnages.
Mais force et de constater que les autres acteurs s'en sortent tout aussi bien, notamment Lars Mikkelsen (oui oui ! le frère de Mads "Hannibal" Mikkelsen) dans le rôle de Poutine Petrov.

QUID ?

La saison 3 de House of Cards est difficilement comparable à ses sœurs aînées : les enjeux, et les objectifs de David Fincher ne sont clairement plus les mêmes.
À noter que toutes les intrigues, ou du moins la plupart, démarrées au cours de cette saison ne se sont pas terminées, sans doute en préparation de la saison 4 qui marquera (à l'instar de la saison 2) la fin du cycle ici entamé.
Si des détails m'ont un peu gêné, l'ensemble de la saison aura su me captiver, j'approuve et réapprouve.

Si vous n'avez toujours pas vu House of Cards, je vous le conseille chaudement, de la saison 1 jusqu'à la saison 3.


Je vous laisse ici, à la prochaine.

mardi 14 avril 2015

Plaidoyer pour "Game of Thrones"

Bonjour tout le monde, force est de constater que j'ai l'impression de ne pas être passé ici depuis des millénaires.
Je pourrais présenter les diverses raisons qui m'ont éloigné de Bullshit Ent, mais ce serait une perte de temps considérable par rapport à l'article d'aujourd'hui.

Car on innove sur tout les points : non seulement on parle de série, mais en plus l'article du jour ne sera pas une critique mais bien un plaidoyer pour la célèbre série de HBO Game of Thrones.

LE RETOUR DU FILS PRODIGUE

Impossible d'y échapper : voilà quelques jours qu'Internet est en folie face au retour imminent d'une des séries les plus populaires de tout les temps : Game of Thrones.
C'est bien simple, tout le monde en parle, partout, tout le temps : voilà bien deux semaines que votre meilleur ami vous a raconté une énième fois les derniers événements de la saison 4, que votre voisin se repasse en boucle les dernières saisons, que ce type relou a encore fait un statut pour décompter les jours avant la sortie de la saison 5, bref littéralement tout votre entourage attend avec impatience le retour de GoT.

Et quand ce n'est pas un de vos amis sur les réseaux sociaux qui vous en parle, c'est carrément "Le Monde" qui s'y met : Les quatre saisons de GoT en 5 minutes

Pas de fumée sans feu, la "GoT-mania" est tout à fais justifiée en vérité : il faut dire que la série peut se targuer d'une réalisation solide, d'un casting très convaincant, et surtout d'un scénario en béton qui saura captiver les foules.
Avec Game of Thrones, la chaîne HBO a réussi son pari : des millions de téléspectateurs pour chaque saisons, et de nouveaux Emmy Awards et Golden Globes chaque année.
Encensée par le Hollywood Reporter ou le Los Angeles Time, la série tourne aux alentours de 85/100 sur Metacritic et comptabilise plus de 5000 votes sur l'Internet Movie Database.

GoT c'est la série de tout les records qui touche à tout : la guerre, la politique, l'Histoire, le sexe, l'amour, la violence, et plein d'autres sous thèmes plus précis difficiles à évoquer dans cette liste non-exhaustive (l'inceste, la filiation, l'honneur, blablablaaaaa...).
Finalement, le vrai exploit de GoT c'est d'avoir séduit les amateurs de fantasy, comme les simples spectateurs d'un soir ; les fans de politique, comme les historiens en herbe ; les accros à l'action, comme ceux au suspens.
En un mot : GoT plaît à tout le monde (okay ça fait six mots, pardon).

Conclusion : même s'il était un peu envahissant cette dernière semaine, le tapage médiatique autour de cette cinquième saison est légitime puisqu'il n'est là que pour annoncer la venue du Christ de l'évènement télévisuel le plus attendu de l'année.

Les fans sont en liesse, les médias aussi, les records tombent, la critique encense le casting et la réalisation ; à ce niveau là tout va bien dans le meilleur des mondes.

UNE NOUVELLE TENDANCE : LE CONTRE GOTISME.

Oui, je viens d'inventer ce terme, mais figurez vous que je l'aime bien.
C'était à prévoir, et c'est compréhensible, GoT -malgré son large succès en général- n'a pas plu à tout le monde.
Et il n'y a pas de mal, personne n'est obligé d'aimer les combats à l'épée, les trahisons féodales, ou les scènes de sexe omniprésentes, pas de soucis de ce côté là.

Le contre-gotisme n'est donc pas un problème en soi, c'est même une bonne chose : signe que la série attise les spectateurs et réveille l'esprit critique. Après tout, c'est arrivé à tout le monde d'essayer de convaincre un irréductible que, vraiment, GoT c'est la classe ; ou, au contraire, de vouloir persuader l'autre que, sincèrement, c'est très surfait toutes ces histoires de chevaliers.

Quid de cette nouvelle tendance alors ? Et bien le problème c'est que derrière les critiques constructives, éclairées, et justifiées, on a également affaire à des attaques brutales qui démolissent la série unilatéralement, souvent pour une seule raison isolée et pas franchement justifiée.

Le but de cet article est donc de défendre vaillamment la série contre ces viles attaques cruelles.

LE TRÔNE DU SEXISME ?

Courrier International relaie ici l'article d'une journaliste britannique qui avoue avoir abandonné GoT après avoir regardé les trois premières saisons.

Le gros de la critique ici concerne un débat qui revient souvent au sujet de la série : le sexisme.
Difficile d'ignorer le nombre de prostituées ou la supériorité masculine dans Game of Thrones, pas la peine de le nier.
Danielle Henderson, car c'est son nom, déplore le succès des personnages masculins au détriment de leurs homologues féminins.

Personnellement j'ai du mal à voir les fondements d'une telle accusation, je trouve que la série accorde énormément d'importance aux personnages féminins, et nombreuses sont celles qui sont des piliers du scénario, ou des protagonistes-clé à l'intrigue.
Que dire de la jeune Arya Stark, véritable Kill Bill moderne, qui n'a littéralement peur de rien et qui traite d'égal à égal avec Le Limier, un colosse brutal et massif ?
Comment ne pas détailler le personnage de Daenerys Targaryen dont le développement réside dans sa revanche sur la vie et son accession au pouvoir, au détriment de chaque homme de pouvoir qu'elle croise ?
Quid de Brienne qui passe le plus clair de son temps à humilier les hommes en combat singulier (ce qui semble pourtant être leur discipline de prédilection) ?
Et enfin n'oublions pas Ygritte qui s'est illustrée par son célèbre "You know nothing Jon Snow" ("Tu ne sais rien Jean Neige Jon Snow").

Et encore là, je n'ai pas parlé de Cersei, Margaery, Catlyn Stark, et bla et bla et blaaa.
Il est clair que pour moi, dans GoT les personnages féminins sont particulièrement bien traités et méritent une attention particulière. Elles n'ont rien à envier au personnages masculins.

Mais bon, la critique ne s'arrête pas là. Et, prévoyante, Mme Henderson rappelle que "pour chaque femme qui atteint le pouvoir, cinq sont dénigrées".
Si elle le dit, c'est que ça doit être vrai. Mais bon, là je demande à voir le même rapport pour les hommes, et puis bon si on y réfléchit c'est normal que le rapport "personnage au pouvoir/personnage délaissé" soit de cet ordre là. Ça suit la logique du pouvoir non ?

Bref, à cela elle rajoute le supplément : les hommes ont plus de pouvoir.
C'est, hélas, sans doute vrai. Mais encore une fois il faut revenir sur les fondements de la série : il s'agit d'une saga librement inspirée de l'Histoire de l'Angleterre et de la France pendant le Bas-Moyen-Age.
Et il faut dire qu'à cette époque la situation de la femme en politique et dans la société était particulièrement médiocre. On imaginait difficilement des femmes de pouvoir, et les seules les Reines avaient réellement de l'influence.
Peut-on reprocher à GoT son réalisme historique dès lors ?
Il y a là un choix à faire : soit on suit l'Histoire et on se fait traiter de sexiste, soit on rend le tout soft et on s'expose au critique du type "demi-mesure" ou "contentement forcé".

Et pourtant je pense quand même que la série fait tout son possible pour développer ses personnages féminins et nuancer la tradition médiévale de la phallocratie. 

Pour moi GoT est tout sauf une œuvre sexiste, et les désagréments que peuvent connaitre les rôles féminins s'explique par une volonté de réalisme historique qu'il est dur de contourner.

Ce dernier détail vaut aussi pour l'ultime critique de Mme Henderson : la violence sexuelle.
J'ai déjà rappelé que Game of Thrones se déroule pendant l'époque médiévale, réputée pour sa violence et son mépris de la condition féminine.
Difficile d'imaginer la Garde de la Nuit laisser tranquillement partir les filles de Craster comme si de rien n'était. On est au Moyen-Âge : l'âge d'or de la violence omniprésente.

Et pour ce qui est de la très dérangeante scène entre Jaime et Cersei près de Joffrey, je pense quand même qu'on va éviter de dire aux auteurs comment développer leur personnages, hein.

UN RACISME SOUS JACENT ?

Incroyable mais vrai, on reproche à Game of Thrones d'être significativement raciste.
C'était un peu les mêmes critiques qu'avait reçu 300 de Zack Snyder à son époque, là aussi c'était un peu ridicule.

Toujours dans le même article, Danielle Henderson mentionne très vaguement le racisme. Le problème est aussi soulevé dans un autre article dont on parlera plus tard.

Alors : l'absence de personnage noirs, arabes, chinois, etc. est elle problématique dans GoT ?
Pas vraiment.
D'abord parce qu'il y a des personnages autres que blancs occidentaux dans la série, mais ça j'ai l'impression que tout le monde l'oublie (Xan ou je ne sais plus trop son nom, Vert-Gris, Syrio Fodel, tout les gens de Braavos, toutes les villes dans lesquelles passe Daenerys, etc.).
Et là encore le réalisme historique s'impose : à votre avis il y avait beaucoup de Noirs à la cours du Roi d'Angleterre ?

Reprocher un manque de personnage Noirs à Game of Thrones, ce serait comme reprocher à Marco Polo qu'il n'y ait que deux personnages européens blancs. Il y en a moins, c'est sûr, mais ça s'explique par le scénario encore et toujours.

Bon j'ai pas envie de m'attarder sur la critique du racisme, parce que contrairement à celle du sexisme elle ne devrait même pas se poser.

LE CONTRE-GOTISME : UN SIMPLE PHÉNOMÈNE DE MODE ? 

Finalement toutes ces sur-critiques exacerbées sont surtout dans l'air du temps, et il est de bon ton dans le milieu journalistique de choisir son camp entre les adorateurs de GoT, où les pseudos libres penseurs qui préfèrent la critique facile à l'objectivité.

En témoigne ce glorieux article de Vice (. . . bref) qui avait tourné lors de la saison 4 et qui fait son grand retour en ce moment : Pourquoi je ne regarderais jamais Game of Thrones

Bon, outre le fait que """"l'article""""" a beau être bien écrit, il n'est pas très inspiré, et témoigne surtout d'un profond mépris pour les pauvres fans hardcore qui n'ont rien demandé, et plus largement pour le genre de la fantasy.
Ici on a affaire à un article très paradoxal qui semble n'avoir pas compris de quoi il traite mais qui à côté de ça apporte des faits qui pourraient faire entrevoir une certaine compréhension du sujet.
On y critique les fans violents, mais on rappelle qu'on peut en parler en soirée sans se faire huer : de quoi est-ce qu'on parle alors ? Est ce qu'on essaye de nous faire comprendre que c'est une série seulement pour les bons gros nerds, ou au contraire on veut nous dire que c'est un phénomène de mode hype mais ridicule ?

Les articles de ce type, ou du type ultra agressifs comme ceux de Mme Henderson, on en trouve à foison en ce moment sur la toile.
C'est normal, chaque mouvement à succès s'accompagne de ses détracteurs plus ou moins objectifs, et après tout, on a tous une bête noire qu'on critique sans trop la connaître réellement.

Lost et Breaking Bad ont eu la chance d'avoir une fan base agréable et objective, mais également des critiques constructives et intéressantes.
Le plus gros défaut de Game of Thrones en fait c'est peut-être ses fans et ses antis, qui font sans doute chacun un peu trop de bruit.

Car nul doute que la série a su conserver sa qualité scénaristique, son casting de haut niveau, son réalisme, et sa réalisation tout au long des quatre premières saisons.
Et le peu que nous ayons vu de cette cinquième laisse à croire que rien n'a changé dans le meilleur des mondes.

FIN

Ce plaidoyer pour Game of Thrones s'achève ici, je recommande toujours autant la série à tout le monde. Laissez vous tenter si ce n'est pas déjà fait, et que ça vous plaise ou non ne tombez pas dans la critique facile ou l'encensement aveugle.
Bonne journée et bonnes vacances.