Bullshit Ent

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dimanche 23 février 2014

La Belle et la Bête - Christophe Gans

Je partage le cinéma français en plusieurs catégories : les films d'auteurs bons (il y en a plein), les films d'auteurs pas bons/pédants (il y en a plein aussi), les comédies efficaces (il y en a presque aussi), et les comédies pas drôles (il y en a trop). Et au milieu de tout ça il y a des réalisateurs comme Luc Besson ou Christophe Gans, qui bousculent la planète "cinéma français" avec des films très bons (Le Pacte des Loups) et des films moins bons (Silent Hill), des films d'actions ou des thrillers, bref du neuf.
Et cette année, Christophe Gans revient sur le devant de la scène après huit années d'absence grâce à son nouveau film : La Belle et la Bête. 

MISE AU POINT HABITUELLE

Si vous êtes en première, vous connaissez probablement La Belle et la Bête, le conte de Mme Leprince de Beaumont, écrit en 1757. Ce conte a donné naissance à neuf adaptations cinématographiques dont deux resteront dans les mémoires : celle de Cocteau  (1946), et celle des studios Disneys (1991).
En 2014, arrive donc la version de Christophe Gans, avec Léa Seydoux et Vincent Cassel en tête d'affiche.
Christophe Gans donc est un de mes réalisateurs préférés du cinéma français, principalement pour son talent certain et pour sa volonté de faire des films différents. On se souvient de films comme Le Pacte des Loups qui avait bien marché au box-office et lui avaient assuré une notoriété méritée.
La Belle et la Bête c'est ainsi son nouveau challenge, puisqu'il s'agissait de refaire vivre le conte d'antan à coup d'effets numériques et d'acteurs connus.
Le challenge est-il réussit ? Suspens.

ON S'EN FOUT DU SUSPENS, RACONTE

Le problème de ce film, c'est le film.
J'exagère volontairement bien entendu. Mettons nous d'accord : j'avais de très mauvais à priori sur ce film (vraiment très noirs), mais j'ai tout de même été surpris. Pas au point de me faire dire que j'ai aimé le film, mais tout de même je dois lui reconnaitre des qualités.

Mais les qualités c'est pour plus tard, on va s'occuper des défauts pour l'instant.
Le premier réside dans l'élément principal du conte : la romance entre la Belle et la Bête. C'est une romance vide, qui sort presque de nulle part. Il y a trois "grandes scènes" entre les deux protagonistes, dont deux de disputes et de cris, et une de réconciliations touchantes. Et pourtant la Belle semble folle amoureuse tout de suite après, au point de vouloir rester avec la Bête.
Alors oui, Belle (puisque c'est son nom) a appris à connaitre le monstre grâce à des espèces de flashbacks du temps où c'était encore un humain, mais lui ne sait absolument rien d'elle. Ils n'ont rien partagé, du coup l'histoire d'amour ne tient pas la route, elle déstabilise presque tant elle arrive de manière inattendue. Or, la romance est le tronc narratif du conte d'origine, un élément qu'on ne peut se permettre de bâcler. Et ça m'étonnerais que Christophe Gans ne l'ai pas considérée, donc en admettant que c'est un choix de réalisation/de narration, je le trouve assez mal justifié.

L'autre défaut de ce film réside dans ses acteurs.
Écartons tout de suite Vincent Cassel, qui joue très bien, camarade par excellence de Christophe Gans, leur travail est toujours de qualité. Que ce soit en bête féroce, où en prince hautain, Cassel sait être convaincant et porte le film du début à la fin.
J'ai vraiment énormément de mal avec Léa Seydoux (euphémisme). Pas juste dans ce film, de manière générale. Je la trouve assez fade dans son jeu, et elle n'apporte quasiment jamais d'éléments "en plus" aux films dans lesquels elle joue. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : Léa Seydoux joue comme il faut, mais ça s'arrête là. On a donc une Belle, normale, ni trop parfaite, ni trop enjouée, un peu ennuyeuse. Je reconnais que les passages où la jeune fille est hautaine, voire impertinente, sont convaincants (ce sont bien les seuls positifs que je retiens pour Léa Seydoux), mais les autres sont justes normaux ou fatigants. Vraiment, Léa Seydoux ne fait pas une bonne "princesse". On a aucune empathie pour son personnage, on ne partage pas sa peur, on la regarde juste progresser dans le château et pleurer de temps en temps.

Mais Léa Seydoux n'est pas le pire que ce film a gardé en réserve au niveau des acteurs.
Je passe sur Dussollier qui ne m'a pas gêné en vieux père fatigué, bref.
Les rôles secondaires sont vraiment mal joués. Et c'est la première fois que je dis ça d'un film.
Je fais parti de ces gens qui considèrent qu'un acteur ne peut pas mal jouer, dans la mesure où c'est son travail. Mais là j'ai été concrètement dérangé par les rôles secondaires. Les trois frères surjouent (Deburger, Gob, Meliava - merci Allociné), ça devient vite désagréable. Et les deux soeurs (dont Audrey Lamy) ne sont que des comics-reliefs non justifiées et surtout, pas amusantes du tout.
Conséquence : on en a vraiment rien à cirer des personnages, tout simplement parce qu'ils sont énervants.
J'imagine que ces gens sortent tout de même d'écoles de cinéma, donc le problème doit venir d'ailleurs mais pour le coup, c'est bien au delà de mes capacités.
Le "badguy" du film s'en tire plus ou moins bien pour sa part (Eduardo Noriega), il reste un des personnages captivants du film, sans plus.

Bon attaquons le troisième problème : l'univers.
Je n'ai pas du tout compris où Christophe Gans est parti avec cet univers. D'abord : les petits chiens tout mignons dont j'ai oublié le nom. Bon ils servent à quoi ? À rendre le château moins vide admettons. Mais ils font quand même tâche au milieu du film. Ils sont censés faire rire ? Je ne crois pas. Le film stipule qu'ils deviennent les meilleurs amis de Belle : il n'y a aucune vraie interactions entre eux. Bon, en plus ils ont quand même une tête vraiment "cartoon", personnellement j'ai pas accroché.
Et maintenant les géants. Les géants de pierre. Le système de sécurité du château, c'est des statues de pierre géantes. Là non plus je vois pas vraiment ce que ça vient faire ici. Bon ça passe bien mieux que les petits chiens, mais c'était purement une invention de Christophe Gans. Donc, oui ça remplit des scènes, mais là aussi on a l'impression que c'est à côté de l'ensemble.
Enfin : les divinités.
Je cite : "la nymphe des bois", et "le Dieu de la Forêt". Ce serait passé dans un univers antique, grec ou romain, ce sont des références mythologiques valables. Elle sont là pour justifier l'apparence monstrueuse de la Bête, mais franchement j'ai trouvé ça un peu ridicule. Vraiment les deux personnages sortent du chapeau magique des scénaristes. Cependant, c'est plus un détail qu'un élément scénaristique pur : on est perdu sur le coup, mais on oublie vite et on avance de nouveau.

Dernier élément vraiment décevant pour le coup : la musique. Présente mais juste suffisante. Bon, je ne suis pas du tout qualifié pour traiter des musiques de films, donc je me contenterais de souligner que la musique du générique de fin est vraiment ridicule elle aussi. Voilà, on s'arrête là.

OKAY MERCI À PLUS

Attend, c'est pas finit.
J'ai dit au début que j'avais été surpris, c'est vrai.

Christophe Gans a vraiment des talents inouïs pour la réalisation. Le film, malgré tout ces défauts, passe très bien, la séance est même agréable. J'ai pas du tout senti les deux heures passer, alors que la semaine dernière dans American Bluff j'avais l'impression que ça durait le double.
Une caméra agile, des mouvements vraiment inattendus (je pense notamment au plan panoramique qui devient une contre plongée juste suivant une ligne). La découverte du château se fait avec les yeux et ce dernier semble toujours plus grands (chaque plan le rend encore plus colossal). Bref, Christophe c'est du lourd. Même les scènes d'actions sont bien ficelées, forcément c'est sa spécialité. Le combat des géants restant une séquence mémorable.
Et en plus il connait ses classiques : les plans du repas font évidemment référence à ceux de la version de Cocteau, la Bête debout derrière la Belle, terrifiée. Il m'a même semblé que les habits du monstre faisaient écho à ceux de la version Cocteau. D'ailleurs je suis forcé de dire un mot sur les robes de la Belle qui enchanteront le public féminin, et qui satisferont le public masculin.

Ensuite, les dialogues. Vraiment profondément convaincants. La Bête fait preuve d'une éloquence très raffinée, là où ceux de la Belle sont mine de rien très touchants. Si le jeu des second couteaux n'est pas convaincant, les lignes de texte rattrapent le tout.

Et je terminerais par les effets spéciaux.
À la sortie de la première bande-annonce, j'ai tiré sur l'ambulance en déclarant qu'il y en avait trop et que ça me faisait presque vomir. Mais je reconnais que j'ai parlé trop vite puisque la post-production a fait un boulot monstre et que tout ce qui me gênait dans la bande-annonce a été enlevé sur le produit final. Le château et sa vallée sont très beaux, les géants de pierre et les chienchiens ont une texture réaliste, au final ça passe très bien.

OKAY MERCI À PLUS

Voilà, la conclusion exactement.
Donc au final, je ne peux pas dire que La Belle et la Bête est un bon film. C'est un mauvais film bien fait disons. Le manque de saveur de l'histoire d'amour, le jeu des acteurs décevant, les musiques oubliées, et l'univers bancal viendront vite à bout des impatients.
Même si Christophe Gans rattrape l'ensemble grâce à ses aptitudes, je ne comprends toujours pas ce qu'il est allé faire dans un conte de fée, lui qui est pourtant si porté sur l'action et les thrillers.
Le choix de Léa Seydoux me laisse perplexe également, mais quand on voit que le générique commence par le nom des producteurs, parmi lesquels Jérôme Seydoux, on fait rapidement le lien. Christophe est habitué à se faire imposer des actrices (regardez Silent Hill par curiosité), on attend de voir ces commentaires personnels une fois la version matérielle du film disponible.

Au final, je vous conseille plutôt de regarder La Belle et la Bête de Cocteau qui reste une référence de la Nouvelle Vague, ou celle des studios Disney si vous êtes nostalgique de l'époque où vous chantiez sur le canapé.
Si vous avez envie de voir un peu plus de Christophe Gans je vous conseille donc Le Pacte des Loups qui lui a fait ses lettres de noblesse, et aussi Silent Hill qui figure dans son livre de plomb.
Enfin, si vous aimez Léa Seydoux (on ne rit pas, il y en a), La vie d'Adèle reste le film de sa carrière, même si la seule fois où elle m'a plus c'est dans Les adieux à la Reine.

Voilà, bonne soirée et bonne séance les loulous.

LE MOT DE LA FIN

Cette semaine le mot de la fin revient à Maxou qui nous déclare du fond de son coeur : "J'ai rien à dire sur ce film de merde".
Merci Maxou, on s'en souviendra.

dimanche 16 février 2014

American Bluff - David O. Russell

Bonsoir les gens, vous allez bien ? Tant mieux.
Ce week end je suis allé voir American Bluff de David O. Russell.
Bref, il s'agit d'un film racontant l'histoire vraie d'une opération orchestrée par le FBI en coopération avec des escrocs pour faire tomber des politiciens corrompus, le tout dans les années 70. Un programme chargé donc.

MISE AU POINT

Un programme chargé ? Sacrément chargé même, puisqu'on se retrouve ici avec le premier gros film hollywoodien qui rassemble des acteurs de la nouvelle génération américaine : Christian Bale, le doyen de la bande qu'on connait depuis un petit moment, Jennifer Lawrence, aka "Princesse Hollywood", Bradley Cooper, qu'on voit partout, et Jeremy Renner, qui vient de faire son entrée à Hollywood.
Le tout dirigé par David O. Russell, un illustre inconnu pour Bullshit Ent.
À noter qu'American Bluff a été nominé pour une ribambelle d'Oscars, et a ramené trois Golden Globes, dont celui de la Meilleure comédie.
En résumé, ce film c'est le premier du futur Hollywood avec en tête d'affiche les stars de demain.

ALORS ? 

Alors, nom de Ben Affleck, ce film m'a réellement ennuyé.
Trop long ? Peut-être, mais à mon avis le problème n'est pas là. Le problème c'est que le film n'a pas de rythme, il marche par cycle : il commence très fort avec une scène d'ouverture mémorable, puis ensuite on a une très longue séquence où on s'ennuie sec, une séquence pourtant nécessaire. Après on a de nouveau une séquence rapide, on a l'impression que - ça y est - le film va se lancer, et finalement non, une nouvelle séquence lente.
Le problème vient sans doute du style de David O. Russell (rappel : je ne sais rien sur sa filmographie), on aime ou on aime pas, mais voilà, en tout cas ça marche pas.
A propos de la réalisation, on voit tout de suite qu'O. Russell a un petit effet fétiche : le zoom. Enfin, le zoom, disons "l'insert progressif" : la caméra filme un élément en particulier (insert), elle recule pour filmer un mouvement/un élément plus large (dézoom), puis revient sur le premier élément (insert).
On en a plein dans le film, des tas même. Au début on est agréablement surpris, mais après deux heures, ça nous fatigue. Souvent utilisés pour insister sur un micro caché dans un col de chemise ou sur un objet oublié, on se serait aussi bien contenté de dialogues.

Bon au niveau de la construction du récit, on a du mal aussi : le film commence au début de l'opération, puis procède à un long flashback pour revenir une heure plus tard au point de départ. Habituellement ça marche, là moins. L'histoire commence vraiment bien, on a tout de suite envie de savoir la suite : donc les histoires d'amour du passé, on attend juste qu'elles passent vite.
À part ça l'histoire est intéressante mais complexe : elle en rebutera plus d'un et en fera sortir certains autres de la salle (c'était le cas pendant ma séance).
Quand je pense que c'est une histoire vraie, j'espère pour que les vrais personnages c'est passé plus vite.

Au niveau des acteurs, on reste un peu déçu par un Bradley Cooper qui nous avait habitué à beaucoup mieux, il pousse son jeu trop loin, un peu comme son personnage (je sais pas si c'est un bon point).

Bref, la grande question c'est "en quoi c'est drôle ?". Il y avait bien entendu quelques scènes amusantes, ironiques, ou autre. Mais rien de suffisant pour ramener le Golden Globe de la Meilleure Comédie.
Ce point restera donc une énigme, l'histoire en elle même n'est pas drôle, les personnages non plus (sauf un ou deux), donc un véritable mystère.

BON SEB T'ES DUR LÀ

Sévère mais juste.
Et il faut rendre à César ce qui est à César : le film a des qualités.
En premier lieu Jennifer Lawrence qui nous fait don de son charisme naturel, et enfin elle prouve que c'est une bonne actrice qui joue autre chose que des ados intrépides. Et elle joue très bien. À côté d'elle, Christian Bale qui rappelle ces incroyables capacités morphologiques, on le retrouve ici en escroc irascible gras et sale, seulement deux ans après cette armoire à glace de Batman.
Mais le meilleur acteur du film reste à mes yeux, et c'est une énorme surprise, Jeremy Renner qui joue beaucoup mieux les gentils sincères que les héros style Avengers ou Jason Bourne : l'héritage. Une très agréable surprise.

Le pari réussi de O. Russell c'est la B.O année 70 qui fonctionne très bien, puisque chaque scène comportant une musique est tout de suite plus entrainante que les autres.

Voilà, globalement c'est tout ce qui m'a plus dans le film. En fait, il ne peut même pas se targuer de bien reconstruire les années 70 dans la mesure où l'immersion est très moyenne, et où le film serait presque identique s'il s'était déroulé de nos jours.

CONCLUSION

N'allez pas voir American Bluff. Sauf si vous êtes un fan excessif de Jennifer Lawrence ou de Jeremy Renner. Sinon, le film est bien trop long pour être agréable, avec une histoire hélas pas assez intéressante pour tenir le spectateur en haleine.
Et pourtant, je suis pas difficile sur ce genre de détails en général, mais là c'est l'overdose, ça ne passe pas.
Un résultat décevant, pour un film qui avait du potentiel, dommage.

LE MOT DE LA FIN

Cette semaine, et pour inaugurer la rubrique, le mot de la fin revient à "Pierrot le foutre" (+1 pt point référence/parodie) :
"Une merde bien ficelée, la BO et le jeu extraordinaire de Jennifer Lawrence rattrape le tout, je ne conseille pas ce film sauf si vous voulez chopper quelqu'un car il vous offre une fenêtre de 2h30 d'ennui à combler"


Voilà, c'es enfin terminé, bonne soirée et bonne séance.

dimanche 9 février 2014

The Ryan Initiative - Kenneth Branagh

Bonsoir tout le monde.
Voilà ce weekend j'hésitais entre faire dans le politiquement engagé avec Jacky au Royaume des Filles ou juste aller voir tout un bunch d'acteurs que j'aime bien avec American Bluff.
Finalement, je suis allé voir The Ryan Initiative, de Kenneth Branagh, avec Chris Pine, Kevin Costner, Keira Knightley, et Kenneth Branagh.
On a affaire à un film d'espionnage américain, et conformément à la pseudo tradition sur Bullshit Ent, on va faire une mise au point.

LA MISE AU POINT

The Ryan Initiative c'est l'histoire de Jack Ryan qui-
Stop, on s'arrête. Jack Ryan, si ça ne vous dit rien, c'est un monument du roman d'espionnage. Jack Ryan est donc un espion américain travaillant pour la CIA, crée par l'auteur Tom Clancy, et qui fait apparition dans une douzaine de romans.
Bref, Jack Ryan c'est du lourd. Et c'est pas la première fois que ce bon vieux Ryan vient dire bonjour au septième art puisque déjà en 1992, Harrison Ford espionnait les russes, et en 2002 Ben Affleck se posait des questions sur les ogives soviétiques.
Ici, Jack Ryan est incarné par le jeune acteur Chris Pine, que vous avez peut-être déjà vu dans Star Trek Into Darkness. Chris Pine succède donc à deux acteurs réputés, et a intérêt à mettre la barre très haute pour montrer qu'il fait lui aussi partie de la nouvelle génération hollywoodienne.

ALLEZ, C'EST COOL, LE DÉVELOPPEMENT MAINTENANT

The Ryan Initiative est plutôt un film d'espionnage sympa. Agréable disons.
Le scénario -original- est convenable sans arracher trois pattes à un canard : en gros, les russes préparent une attaque terroriste et une attaque économique simultanées sur les États-Unis (on est un peu perdu au début, mais les ES s'en sortiront très bien), dans le but de dévaluer le dollar à un point critique. Jack Ryan, analyste économique à la CIA se rend compte qu'il se passe quelque chose et va à Moscou régler le problème, sans rien dire à sa fiancée.
Bon on se laisse rapidement emporter, pas de problèmes, l'histoire se déroule plutôt bien. Mention spéciale aux scénaristes qui ont eu la bonne "initiative" (+1 pt jeu de mot) de ne pas faire mourir des personnages secondaires, parce que dans les films d'action/espionnage ça devient vite pénible.

Au niveau de la réalisation, je connais mal les talents de Kenneth Branagh, qui jouit pourtant d'une renommée particulière. La caméra est efficace, l'esthétique très travaillée (les décors russes, très très beaux), là non plus il n'y a pas de hic particuliers. Branagh maîtrise bien les techniques du films d'espionnage : la montée de la tension, les scènes de briefings, les moments de hacking/mission. Bref, Branagh sait ce qu'il fait, c'est plutôt agréable. Il y'a même deux trois idées sympathiques qui fonctionnent bien. De plus, le film prend un rythme efficace à partir du déclenchement de la mission, les plans se succèdent efficacement, tchac tchac, il y a ce petit côté BD assez agréable.

On passe aux acteurs. Chris Pine peut sortir la tête haute, il fait un bon Jack Ryan, humain, débutant sur le terrain, amoureux, inquiet, en colère aussi. Bref, une mosaïque d'expressions intéressantes bien maîtrisées par l'acteur. Bien que Pine ne soit pas un débutant, il ne baroude dans Hollywood que depuis peu, on applaudit donc la performance.
Une mention aussi à Kenneth Branagh, qui joue le bad guy du film. Froid (normal il est russe), mais sensible, un antagoniste déterminé, avec des faiblesses et une face cachée que Branagh a très bien décrypté.
Bien sur la jeune et jolie (+1 pt référence ?) Keira Knightley est convaincante également, on la voit moins que les autres à l'écran mais elle laisse quand même une bonne impression, même si certains n'accrocheront pas à son côté "tête à claque".
Enfin, Kevin Costner s'en sort très bien aussi dans le rôle du mentor rassurant, qui garde le contrôle pendant un moment et qui finit par se faire surpasser par le héros. Un rôle pas forcément intéressant, mais Kevin réussit à le rendre sympathique.
Et puis, je montre du doigt également l'acteur secondaire Colm Feore qui malgré son tout petit rôle est efficace, et je vous conseille vivement la série Revolution dans laquelle il joue le bad guy, où  sa performance est louable.

NEGATIVES POINTS

Je disais qu'on était pas surpris. C'est le gros défaut du film : le scénario ne décolle pas des masses, pas de plot-twists rocambolesques, pas de traîtres imprévisibles, juste un point A et un point B et des pages de scripts au milieu. Ce choix de la sureté est tout de même dommage pour un film d'espionnage, genre dans lequel les twists scénaristiques sont pourtant primordiaux.

De même pour la réalisation, ça reste très primaire, pas d'innovations particulière, et en plus les scènes d'actions ne sont pas complètement maitrisée. D'ailleurs le son est très très élevé dans ces dernières, je sais pas si c'est fait exprès mais ça agresse un peu les oreilles.

Et en parlant d'oreilles, parlons aussi de la musique (+1 pt transition stylée). La bande-son n'est pas passionnante, ni exaltante. La base du film d'espionnage disons. La preuve c'est que j'ai même pas la musique du générique en tête. Et pourtant, en général, je suis pas difficile sur les musiques.

Enfin, certaines pointes d'humour ne sont pas nécessaires et ne servent qu'à faire rire les jeunes au troisième rang incapables de se la fermer pendant la séance.
Du vécu ? Non pas du tout, enfin.

RAPPORT DE MISSION

The Ryan Initiative a des atouts irréprochables, parmi lesquels son casting et son réalisateur, mais cela ne lui confère que le titre de "bon film" et pas celui recherché de "bon film d'espionnage". Les points noirs ne sont pas négligeables et viennent ternir un ensemble pourtant convaincant.
Ne le mettez pas en priorité sur la liste des films à voir, allez plutôt le regarder si vous n'avez rien à faire d'autre.
Voilà c'est fini, bonne soirée et bonne séance.

dimanche 2 février 2014

Tel père, tel fils - Hirokazu Koreeda

Bonsoir tout le monde.
En ce moment chez Bullshit Ent. c'est la thématique "cinéma japonais". La dernière fois on a eu droit à un film d'animation, cette fois-çi on a affaire à un film avec de vrais acteurs en chair et en os.
Et le film d'aujourd'hui n'est pas des moindres puisqu'il s'agit de Tel père, tel fils de Hirokazu Koreeda qui a gagné l'année dernière le Prix du Jury au Festival de Cannes.

MISE AU POINT RESPECTUEUSE

Vous avez peut-être vu cette comédie qu'est La vie est un long fleuve tranquille d'Étienne Chatilliez, un film drôle mais en somme plutôt banal. Si je vous en parle c'est que le scénario est plutôt similaire : Ryoata est le père d'une famille japonaise aisée et accorde beaucoup d'importance à la réussite scolaire et sociale de son jeune fils Keita âgé de 6 ans. Mais toute sa vie s'effondre lorsqu'il apprend qu'en vérité, son fils a été échangé accidentellement à la maternité six ans plutôt avec celui d'une autre famille beaucoup moins aisée.
Un scénario similaire donc, mais une façon de traiter le sujet bien différente puisque Tel père tel fils ne laisse que très peu de place à l'humour.

On est donc en droit de regarder le film avec un oeil inquiet ; d'autant plus qu'il s'agit d'un film japonais et que le pays du Soleil Levant dispose d'une réputation cinématographique particulière.

DÉVELOPPEMENT TRADITIONNEL

Compte rendu global : le film est très bon.
Je suis allé voir le film avec comme seul argument ma mère qui m'a dit : "Mais si, c'est bien". Forcément, je partais pas d'un bon pied. Et pourtant je suis sorti de la séance complètement satisfait, et même ravi.

Commençons par le commencement (+1 pt évidence) : le casting.
Bon, je suis pas un professionnel des acteurs japonais donc j'ai aucune idée des précédents des acteurs, mais ils sont tous vraiment très bons. La performance est d'autant plus louable dans la mesure où le cinéma japonais a une certaine tendance au sur-jeu. Le film est porté par Masaharu Fukuyama qui excelle dans son rôle de papa sans coeur intransigeant plus accroché à l'honneur qu'à autre chose. Un rôle pas forcément évident puisque le personnage passe 90% à mépriser les autres protagonistes ou à rester sans âme. À l'opposé on trouve Lily Franky (no joke) qui est chaleureux, agréable, et même un peu chiant (le personnage l'oblige) dans son rôle de papa spontané un peu simplet qui aime ses enfants plus que tout. On salue également la performance des deux rôles féminins du film : Machiko Ono et Yoko Maki qui jouent deux mamans qui se rejoignent et qui souffrent ensemble malgré leurs différences sociales. Enfin, on applaudit Keita Ninomiya (oui oui, le même nom que son personnage) qui malgré son très jeune âge est très attendrissant et émouvant, et pourtant les gosses en général ça me laisse indifférent.

Du côté de la réalisation, Hirokazu Koreeda a très bien joué son rôle (+1 pt jeu de mot mauvais), avec une caméra épurée et une imagerie symbolique. Exemple : à un moment du film, les deux familles décident d'échanger les deux garçons pour une soirée. La séquence est courte mais intense, et surtout construite de manière symétrique autour d'un élément, "l'échange". Plan d'ensemble : la voiture de Ryoata traverse un champ de poteaux électriques en arrivant par la gauche. Caméra posée à l'avant de la voiture, on voit à travers le pare-brise, la voiture traverse deux rues et s'arrête devant le magasins de l'autre famille. Plan d'ensemble, Keita descend de la voiture et Ryusei (l'autre garçon) monte dedans par l'autre porte. Caméra à l'arrière de la voiture, on voit à travers la vitre arrière, le magasin s'éloigne, la voiture traverse deux rues. Plan d'ensemble : la voiture de Ryoata traverse le champ de poteaux électriques, en arrivant par la droite.
Et c'est comme ça pendant tout le film, toute les scènes sont filmées de manière intéressante et ingénieuse.
Un très bon point pour la réalisation donc.

Enfin la musique. Dans le film, la musique a déjà un rôle important puisque Keita peine à apprendre le piano comme son père le désire. Les scènes de répétitions de piano sont discrètes mais indéniablement présentes, et certaines ne manquent pas de faire sourire. Le piano a donc une place toute particulière dans l'ambiance du film, et toute les musiques et mélodies du film ne seront jouées que par cet unique instrument. Et je suis pas doué en musique, mon prof de collège saura en témoigner, mais j'ai quand même été conquis. En plus on nous sert pas de la contrefaçon japonaise, mais bien des morceaux plus que reconnus : les Variations Goldberg de J-Sébastien Bach.

Bref, j'ai énormément peu de choses à redire sur ce film. On m'a dit l'avoir trouvé un peu long mais j'ai trouvé que son rythme, effectivement pas très rapide, était nécessaire à l'histoire racontée. Une histoire dure et un peu terrifiante d'un papa qui n'arrive pas à être papa. Le film touche à beaucoup de thèmes récurrents chez les Japonais : le code d'honneur, la famille, le respect, le travail…


CONCLUSION DISTINGUÉE

Bon je crois que vous l'aurez compris, j'ai aimé le film et je pense qu'il mérite particulièrement le Prix du Jury que Spielberg a bien voulu lui octroyer.
Si vous n'êtes pas familiers avec le cinéma Japonais c'est un excellent long métrage pour commencer, un chef d'oeuvre made in japan.
Bref, courrez le voir si ce n'est pas déjà fait.
Bonne séance, et bonne soirée.