Bullshit Ent

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dimanche 30 mars 2014

her - Spike Jonze

Bonsoir tout le monde.
Ce dimanche on se retrouve avec la première "vraie" love story sur Bullshit Ent (non, La Belle et la Bête c'était un peu de la bullshit à ce niveau là). La love story c'est her de Spike Jonze, et pas la peine de vous dire que c'est une première dans l'histoire des love story puisque la jeune fille à séduire est une système OS (pour les incultes : http://fr.wikipedia.org/wiki/Système_d%27exploitation). 
Le film a reçu l'Oscar du meilleur scénario original cette année, et en plus Spike Jonze a déjà fait parler de lui y a pas si longtemps avec Le Loup de Wall Street dans lequel il jouait.
Alors que vaut her ? Réponse, maintenant.

SIRI, MISE AU POINT

Spike Jonze, c'est un de ses réalisateurs/acteurs dont on entend pas parler pendant un demi-millénaire et qui ressurgissent avec la meilleure idée du monde.
Et pour la meilleure idée du monde Spike Jonze s'est entouré de deux acteurs talentueux : Joaquin Phoenix (l'Empereur dans Gladiator si le nom vous dit rien) et la sulfureuse Scarlett Johansson. 
Le challenge du film c'était de raconter une histoire d'amour entre un humain et une machine, et par extension entre un homme et une voix. 
On redéfinirait presque les notions de la mise en scène avec un tel projet. Le film promettait donc beaucoup puisque qu'on avait un acteur renommé, et une actrice plus que célèbre, qui fait s'interroger le monde : est-elle ici une actrice ou une doubleuse ? C'est un autre débat, on le garde pour une prochaine fois.

SIRI, DÉVELOPPEMENT
Je vous ai trouvé cinq pages "développement" sur Internet
SIRI PUTAIN

her est une petite perle cinématographique, à mes yeux. Une histoire d'amour c'est pas évident à raconter, on a d'ailleurs un bel exemple d'échec : La Belle et la Bête, et à l'échelle internationale : Twilight. Une love story réussie demande un développement des personnages et de leurs relations relativement important, c'est la pierre angulaire de l'histoire, et c'est ce qui fait de certains films d'amour des mauvais film.

Rappelons le scénario : le film prend place dans un futur proche qui a connu quelques innovations technologiques et informatiques, Theodore est un employé lambda dans une boîte qui écrit des lettres pour des gens qui n'ont pas le temps, et malgré sa grande sensibilité et sa gentillesse, Theo vit dans l'ombre de son ex femme. Il fait un jour l'acquisition d'un OS plus que développé, censé s'adapter à la personnalité de son utilisateur. Theo rencontre ainsi Samantha, un système d'exploitation intelligent, évolutif, et très sensible, et finalement ils tombent amoureux.
Le scénario est très bon. L'idée de base est excellente, mais le développement est également très bien construit puisque leur relation traverse toutes les étapes classiques d'une relation amoureuse, mais est pourtant redéfinie par la nature de Samantha.

Avant d'évoquer les grands points du film, statufions les petits.
Dans un premier temps, l'esthétiques du film est magnifiquement épurée. Elle fait écho à la "non-présence" de Scarlett Johansson, comme si son absence justifiait la simplicité du décor. Beaucoup de courbes, de couleurs unies, des appareils plats, fins. On marie ici très bien le progrès et le design, la société dans laquelle évolue Theo (et Sam ?) semble être à la fois esthète et techniciste. Un idéal de société vers lequel notre présent se dirige, ne serait-ce que par les appareils développés par Apple par exemple. Une situation que le film retranscrit à merveille.
Pour ce qui est de la musique, là aussi Spike Jonze a préféré la simplicité, juste des petits morceaux qui collent à l'instant. Mais la vraie prouesse musicale réside dans le lien avec la machine et sa propre capacité créative. L'exemple : dans une scène, Theo est allongé sur la plage, et on entend un petit morceau de piano, tout de suite on se dit "c'est beau, c'est bien choisi", et là Samantha dit "Tu aimes ? je l'ai composé pour retranscrire la sensation d'être avec toi sur la plage". La musique joue avec le montage et le thème, bref, du talent brut.

Bon, Joaquin Phoenix joue très bien. C'est un acteur doué qui peut jouer des rôles très différents, et celui de l'amoureux transi idéaliste lui convient bien. On salue la performance : il joue presque tout le temps seul, mais doit quand même parler à un autre personnage. Et bien sûr : on applaudit Scarlett Johansson, actrice ou simplement doubleuse, elle joue en tout cas très bien l'OS amoureuse toujours plus évolués. D'ailleurs le Festival de Rome lui attribué le prix de l'interprétation féminine. Elle le mérite.

Maintenant qu'en est-il de la réalisation ? Spike Jonze s'en sort très bien. Son film marie les astuces de montages, de musiques, de mise en scène, d'esthétique, et fait écho à la machine qu'est Scarlett Johansson. 
Là où Spike Jonze marque des points c'est que son film soulève des vraies questions sur l'avenir de l'homme et de la machine. Le fait que des humains sortent avec des OS se réalisera sans doute à l'avenir, pas de doutes là-dessus. Et quelque soit leur degré de perfection, les OS restent des objets, peut-on donc vraiment appeler ça une relation ? Le film évoque à un moment le fait que Samantha ne maintiendrait qu'une relation artificielle, parce que c'est une machine ? Oui, mais le travail de Theo ne consiste-t-il pas à entretenir des relations artificielles ? Pourtant c'est un humain. De même, le film semble insister sur le fait que les humains perdent leurs relations sociales à force de dialoguer avec les OS, est-ce un vrai lien social ? Theo n'était-il pas déjà asocial avant l'arrivée de Samantha dans sa vie ? Ne l'est-il pas plus une fois leur relation entamée ?
Le film aborde également le degré de développement des machines, toujours plus impressionnant, qui permet même de recréer un philosophe dans un OS, jusqu'où ira le progrès ?
Derrière ses aspects d'histoire d'amour originale, le film se targue d'un fond plus… profond (+1 pt rime de merde), qui met en garde la société sur son propre développement plutôt que sur les OS qui, au final, resteront uniquement des machines.

SIRI, CONCLUSION

her, c'est sans nul doute la love story de 2014 pour l'instant, pour son scénario, son degré de réussite, les questions qu'il soulève, et parce qu'il y a Scarlett Johansson aussi.
Allez le voir, foncez, il vaut sérieusement le détour.
Bonne soirée, et bonne séance.

LE MOT DE LA FIN

Cette semaine le mot de la fin revient à Maman qui nous dit que c'est "une bonne idée mais que le scénario tombe dans le cliché"
Chacun ses gouts après.

dimanche 23 mars 2014

Monuments Men - George Clooney

Salut les loulous, nous revoilà après une semaine de pause en l'honneur du "spring break" qui s'est terminé il y a une semaine.
Bref, ce dimanche on se retrouve avec le dernier film de Mr. Nespresso : Monuments Men. Le film a fait un peu parler de lui dernièrement, c'est l'occasion de voir ce qu'il en est.

MISE AU POINT

George Clooney est un monument du cinéma américain moderne. Et tout le monde connait George l'acteur, celui qui est toujours en tête d'affiche, ou qui boit du Nespresso à la télé. Mais il est important de savoir que dernièrement, George s'est mis à la réalisation, vous avez peut-être vu Les Marches du Pouvoir qui était vraiment pas mal.
Bref, cette fois ci George Clooney est donc devant et derrière la caméra. Et il n'est pas tout seul puisque qu'il est accompagné d'un casting qui a de la gueule : Matt Damon (qui est d'ailleurs le nouveau Mr. Nespresso, on ne change pas une équipe qui gagne), Bill Murray, John Goodman, Jean Dujardin (cocorico), et Cate Blanchett.
Le ton est donné : il s'agit d'un film historique inspiré d'une histoire vraie, celle d'une équipe de G.I américains dont la mission était de récupérer les oeuvres d'art volées par les nazis durant la Seconde Guerre Mondiale.
Un projet ambitieux pour un Clooney qui débarque encore dans le monde de la réalisation, qui semble avoir tout misé sur le casting.

VERDICT

Le film est vraiment pas terrible.
Et ça me fait mal de le dire, parce que j'en attendais beaucoup et que les affiches et bande-annonces étaient, elles, bien foutues. Mais les faits sont là : on s'ennuie ferme.
Pourquoi on s'ennuie ferme ? Tout commence avec le "crew".
Dans les films de guerre, ou du moins sur la guerre, il y a un "crew". Une bande de courageux Marines ou G.I qui s'épaulent tous ensemble, coopèrent, se racontent leurs vies, meurent, et triomphent ensemble. Le "crew" c'est un élément particulièrement important dans les films de guerre : quand le crew est réussi, le film l'est souvent aussi (Il faut sauver le soldat Ryan, et FullMetal Jacket parlent d'eux mêmes).
Ici le crew est composé de plusieurs artistes-conservateurs-bullshit américains, volontaires et un peu âgés. Et c'est le crew le moins convaincant du monde. Il leur manque clairement l'esprit de solidarité et de franche camaraderie dont font preuve les équipes habituelles. Pourtant on sent bien que Clooney a essayé de leur donner ce fond psychologique  qui leur manquait : on a droit à plusieurs scènes de groupe, de discours sur l'espoir et l'amitié, de rigolades entre potes, bullshit bullshit. Le problème c'est qu'elles surviennent toutes à des moments où les liens sont censés être déjà tissés : du coup l'effet recherché tombe à l'eau.
Conséquence : on ne s'amuse pas à les voir progresser, on en a même pas grand chose à faire. Toutes les tentatives d'instaurer du pathos au sujet de tel souvenir de tel membre de l'équipe à propos de telle sculpture est ratée, et je ne vous parle pas des quelques morts qui font difficilement verser une larme.

Un problème n'arrive jamais seul : en plus les dialogues sont creux. Ils durent quelques secondes, et souvent se contentent de statufier l'évidence. Donc mêlés à des personnages ennuyeux, l'effet est désastreux.
Le rythme est aussi trop rapide au début : on passe d'une scène à une autre très rapidement, d'une ville à un champ de bataille en une seconde, bref les images défilent, le spectateur n'a pas le temps de se poser.  On passe donc de personnages ennuyeux, à des dialogues creux, à un film vide.
Et le film est vide malgré toutes les tentatives légitimes de le remplir : notamment la désastreuse histoire d'amour entre Matt Damon et Cate Blanchett, qui joue une française irritante au possible. Une histoire d'amour vraiment inutile qui n'apporte concrètement rien au film dans la mesure où le seul personnage féminin du film n'est là que pour apporter un élément de solution après 1h20 de projection. On appelle ça du remplissage, prenez des notes c'est important, oui toi aussi au fond.

Donc en résumé le film est fade, et c'est terrible pour un film. On le regarde sans conviction, l'histoire peut nous échapper mais c'est pas grave, on ne s'amuse pas, on ne pleure pas, bref -bouclons la boucle- on s'ennuie.
Le sujet a-t-il mal été traité ? Bonne question, pourtant cela ne semblait pas impossible.

ÇA TAILLE SEB

T'as raison, ça charcle dur même.
Mais si je suis dur, le film n'est pas complètement mauvais : malgré la longueur relative des dialogues, ils sont bien interprétés par les acteurs. Ils font tous du bon travail (on aimera ou pas Cate Blanchett en revanche). Ils ont tous des antécédents en même temps : Bill Murray roule sa bosse dans le milieu, Clooney et Damon se complètent, et John Goodman se contente d'être lui-même, bravo Johnny.
Bon bien sûr, même s'ils jouent bien ils ne rattrapent pas les erreurs de réalisation et de narration énoncés précédemment, mais au moins ils ont le mérite d'avoir fait leur travail.

Ensuite, le film est beau. Il y a une belle direction artistique, et c'est normal, la guerre ils la connaissent bien les américains. Surtout celle là. On a droit aux camps de G.I remplis de tentes, aux villes en ruines avec trois murs debout, à un Paris arborant honteusement ces drapeaux rouge noir et blanc, et tout le blabla. Pareil, les décors sont fidèles, jusqu'à l'épicerie dans la campagne allemande avec des vieilles publicités d'époque. Les costumes sont très beaux aussi, mis à part une casquette soviétique qui avait plus une gueule de babiole achetée dans un magasin pour touristes, que de véritable casquettes de l'Armée Rouge.
Bon et je mets un point pour les musiques qui sont vraiment pas mal et qui se marient bien avec l'époque retranscrite.

Bon et je suis forcé d'admettre que plus le film avance plus il s'améliore : on se fait bien chier au début, mais la fin est quand même assez émouvante et le message délivré est intéressant : des toiles et des statues valent-elles le sacrifice de plusieurs vies humaines ?
C'est bien la preuve que le film fait preuve de bonne volonté, mais qu'il est en fait mal organisé, mal rythmé, et qu'il s'attarde tellement sur les faits qu'il en oublie son atout principal : ses personnages. Paradoxe : on a un bon casting mais des mauvais personnages, décidément : "bullshit".
En fait le film est mauvais parce que Clooney a trop voulu jouer au patriote cultivé : on en rajoute sur les américains courageux, sur les nazis immoraux, sur les russes rivaux de toujours, sur les français reconnaissant à l'Oncle Sam. Et bien sûr on tartine le tout avec "l'art c'est important" "vive l'art" "Hitler ne nous prendra pas l'art"  et encore plein de messages, vrais certes, mais en trop grande quantité.
C'est l'overdose, à mon humble avis le film s'est mal orienté, au final on aurait pu avoir la même histoire sans nazis, sans Hitler, sans Seconde Guerre Mondiale, et sans Europe. C'est un film "historique" qui éclipse l'Histoire, et qui semble mentionner les actes antisémites uniquement pour rappeler que ça se passe sous le Troisième Reich.
En plus les personnages sont inintéressants, donc le film ne peut plus compter sur son casting pour le sauver. Et à part quelques petits détails occasionnels, le film n'as pas franchement de qualité.
On a un film "tristement" mauvais (contrairement à ces films juste mauvais qui ne se prennent même pas au sérieux).

CONCLUSION

Pas la peine de se voiler la face : Monuments Men est raté, et Clooney, malgré sa bonne volonté, a encore du boulot à faire sur les films historiques.
Je ne vous conseille même pas d'aller le voir dans la mesure où vous ne passerez même pas un bon moment.
Voilà, ça faisait longtemps et on se retrouve pour un film vraiment pas terrible c'est dommage.
À bientôt et bonne séance.

LE MOT DE LA FIN

Cette semaine le mot de la fin revient à Papa, salut papa, qui nous déclare que le film a "une histoire ambitieuse, mais une réalisation faible".
Merci Papa, décidément tu es vraiment baigné d'une culture cinématographique impressionnante je t'admire.

mercredi 12 mars 2014

Non Stop - Jaume Collet-Serra

Salut tout le monde et, bordel, c'est pas dimanche.
C'est pas dimanche parce que dimanche j'étais loin et j'avais pas les moyens ni le temps d'écrire une critique, et parce qu'après tout j'étais en vacances.
Mais bref, me revoilà, un mercredi, et on se retrouve pour Non Stop de Jaume Collet-Serra (que nous raccourciront en JCS), qui parle d'avion ce qui est ironique dans la mesure où hier je prenais l'avion, et parce qu'en plus un avion a disparu entre la Malaisie et la Chine y a deux jours.
Comment ? On s'en fout ?
Parfait on passe à la suite.

MISE AU POINT

Que dire dans cette mise au point.
Bon normalement JCS ne vous dit rien, mais en fait vous avez tous probablement vu un de ses films puisque c'est le réalisateur d'Esther, le film d'horreur moyen sur une petite fille blablabla…
JCS, c'est sans doute un "yesman", un de ces réalisateurs qui attendent qu'Hollywood leur file un projet et qui le mène à bien. Y en a des bons et des moins bons, bref on va pas parler de ça aujourd'hui.
Au casting on retrouve Liam Neeson, un acteur que j'aime bien, principalement parce qu'il a la classe. Mais aussi parce qu'il joue généralement bien, même si ses rôles commencent à se ressembler depuis La Menace Fantôme. Avec lui on a Julianne Moore, une actrice très bonne (non les gars, pas dans ce sens là), que j'apprécie particulièrement depuis son rôle dans The Big Lebowski.
Le film se lance l'audacieux défi de raconter une histoire se déroulant intégralement dans un avion, ce qui a mon sens est un exercice difficile quand on connait les dimensions d'un avion et la difficulté circuler à l'intérieur et tout bonnement d'interagir avec les autres passagers. En fait, ça me semble aussi difficile que de faire un film se déroulant dans l'espace.
Bon au final on se retrouve avec un yesman, un acteur plutôt bon et une actrice remarquable réunis dans un exercice cinématographique difficile, c'est parti.


DÉCOLLAGE 

Allez, on se le dit, j'ai aimé le film.
Au revoir  Pourquoi ? Bonne question.

Penchons nous d'abord sur la réalisation, qui m'a semblé très bien organisée.
Rappel : les personnages évoluent dans un avion. Un avion c'est petit, étroit, et en plus c'est situé à plusieurs milliers de mètres au dessus du sol donc forcément c'est pas aussi stable que la terre ferme.
Autrement dit, c'est tout sauf facile de filmer dans un avion, donc faire un film entier dans un avion c'est  absolument compliqué.
Pourtant JCS s'en sort bien :
Liam Neeson est constamment filmé en plan serré, ou alors tout juste américains. Et la plupart des autres personnages aussi. L'effet immédiat c'est de rendre le côté "étroit" voire même "étouffant" encore plus oppressant. Y a quelque scènes où l'on respire limite mal (je pense aux scènes des toilettes, le summum des pièces exigües). Ça, associé au rythme de l'enquête frénétique et bordélique, on atteint un bon niveau de réalisation.
Le couloir de l'avion lui est filmé en plan large, tout de suite on prend conscience de l'importance du nombre de passager et la masse d'individus suspects apparait plus grande qu'elle ne l'est. Cet effet est encore plus poussé puisque la "first class" n'est jamais montrée en entier, tandis que la classe économique est elle, en revanche, filmée sous tout les angles. Dans la mesure où Liam Neeson est originaire de la first class, la classe économique devient ainsi toujours plus brouillonne (dans le sens positif).
Le dernier point positif de la réalisation provient de la manière d'accorder de l'importances aux personnages selon leurs déplacements (attention, on pousse le raisonnement un peu loin, je vous prierais de rester assis et d'attacher vos ceintures jusqu'à l'arrêt du signal lumineux merci). Bon, la plupart des personnages sont brièvement présentés avant l'embarquement mais pas suffisamment pour nous permettre une identification optimale. Pour bien faire ressortir les personnages de la masse, JCS a utilisé un procédé efficace. Liam Neeson est le seul personnage debout pendant 95% du film. Les seules scènes où il est assis sont celles où il doute/il a peur. De plus il est le plus actif, il fait des aller-retour non stop (ahah), parle tout le temps, sort son flingue, etc. "De facto", il est identifié comme personnage principal, puisque il est toujours physiquement au dessus des autres.
Du coup il y avait cette difficulté : comment faire en sorte que Liam Neeson n'écrase pas les autres personnages. Réponses : les faire se lever, et les filmer en conséquences.
Que ce soit Julianne Moore ou les autres rôles secondaires, dès qu'un personnage se lève et se détache de la foule, la caméra se rapproche de lui/elle, le film en légère contre-plongée et en plan serré, bref il acquiert un rôle scénaristique et un rôle à l'écran. Même quand il va se rasseoir il va conserver son aura de personnage. Alors que les autres acteurs apparaissant à l'écran ne sont toujours qu'une partie de la foule. Idem pour les pilotes et les membres d'équipage qui assurent l'ordre à l'écran. Mais ça c'est une autre histoire et j'ai pas du tout envie d'en parler.
Bref, bonne réalisation donc.

Ensuite l'acting.
Bon je disais que Liam Neeson se répétait un peu dans ses rôles. On peut dire qu'il a changé. Liam Neeson a toujours des rôles de porteur de flingues badass (Schindler mis à part) qui contrôle parfaitement la situation et qui sait parfaitement tout ce qu'il doit faire, suffit de regarder Taken. 
En revanche là, on sent tout de suite que Liam Neeson n'est pas habitué à la situation, se fait dépasser par les événements, mène une enquête maladroite, et en plus il nous offre deux-trois moments de "je chiale aux chiottes" qui approfondissent un peu son personnage de papa désemparé et de flic surmené.
Voilà en gros j'ai aimé Liam Neeson.
Il y avait aussi quelques seconds rôle sympas : notamment le flic New Yorkais joué par Corey Stoll, un acteur super cool qui jouait déjà dans la série House of Cards.

ATTERRISSAGE

Seulement voilà, le film n'est pas parfait les loulous.
Déjà je me rend conte que j'ai même pas expliqué l'histoire.
Bon Liam Neeson (j'ai oublié son personnage), est un Air-Marshall, les agents de la Sécurité Intérieure Américaine qui prennent l'avion pour s'assurer que tout va bien tout le temps. Et alors qu'il prend l'avion pour Londres, il reçoit sur son portable des messages d'un individu déclarant qu'il va tuer un passager toutes les vingts minutes si 150 millions de dollars (somme considérable) ne sont pas versés sur un compte en banque prévu à cet effet.
Bon le scénario est bien, la chute finale l'est moins. Mais genre elle est vraiment mauvaise. Vraiment très très mauvaise. Tellement invraisemblable et tellement irréaliste que j'ai failli rigoler. Je dis rien pour ne pas spoiler mais je vous jure que c'est très décevant, surtout après avoir passé tout le film à vivre une enquête haletante qui jusque là s'était déroulée de manière très fluide au court d'évènements intéressants et bien ficelés.
C'était principalement le gros point noir du film.
À côté de ça on a Julianne Moore qui se débrouille tout juste, bon elle a un pseudo personnage traumatisé mais c'est mal introduit et elle ne fait pas ressortir à l'écran ses problèmes et tout le reste. On lui en veut pas mais bon, c'est vraiment dommage. Idem pour certains seconds rôles vraiment pas convaincants.
Niveau musique, c'est fade. J'ai réellement rien à dire à ce sujet.
Enfin, n'étant pas pilote personnellement je ne sais pas si les différentes scènes d'actions avec l'appareil sont réalistes aussi, mais ça à la rigueur on s'en fiche : c'est du cinéma.

CONCLUSION

Je conseille Non Stop si vous avez une après midi à tuer, on passe un bon moment surtout si on prend des potes avec ; ou alors vous n'avez qu'à le regarder en prenant l'avion, ça fera passer le temps (ahahah). Après, cela ne restera pas un monument du cinéma en avion, en même temps l'exercice était difficile. Et même si JCS et Neeson font du bon travail, les bourdes scénaristiques et les seconds rôles font vraiment tâche. Il reçoit tout juste le cachet "bon film".

Bon sur ce, profitez bien de la fin de vos vacances, en espérant vous revoir dimanche (un vrai dimanche).

LE MOT DE LA FIN

Cette semaine le mot de la fin revient à Pierrot qu'on avait déjà vu avant.
"Jamais je n'aurais cru qu'il pouvait se passer autant de choses dans les toilettes d'un avion :O"
Merci Pierrot pour ce témoignage rocambolesque.

dimanche 2 mars 2014

The Grand Budapest Hotel - Wes Anderson

Bonnes vacances les gens bonnes vacances.
Profitez en bien, on les a méritées dignement, faites la fête, Carpe Diem, et tout et tout.
Sinon vous pouvez aussi aller au cinéma, et ça tombe bien parce qu'en ce moment y a The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson, et croyez moi, il vaut le détour.

MISE AU POINT MAGGLE

Wes Anderson, au pays du cinéma a le titre officiel de génie. C'est simple il n'y a pas deux Wes Anderson, il n'y a pas de "Anderson-like", il y a juste Wes et son génie créatif.
Beaucoup d'entre vous ont sans doute vu Moonrise Kingdom, le film d'ouverture du Festival de Cannes d'il y a trois ans. Film émouvant, touchant, mignon. Bref, impossible de ne pas l'aimer (sauf si vous aimez pas les gosses, mais bon c'est une autre histoire).
Cette année, Mr le Génie revient avec The Grand Budapest Hotel, inspiré de l'oeuvre de Stefan Zweig (me demandez pas dans quelle mesure). Et mon Dieu, il n'est pas seul puisqu'il se ramène avec le plus grand casting de l'histoire de l'humanité depuis… Cartel ? Burn After Reading ? Ocean's Eleven ? Bref, au rendez-vous :
Ralph Fiennes, Tony Revolori, F. Murray Abraham, Mathieu Amalric, Adrian Brody, Willem "Daddy" Dafoe, Jeff Goldblum, Harvey "fucking" Keitel, Jude Law, Bill Murray, Edward Norton, Owen Wilson et Léa Seydoux.
J'en oublie sûrement mais ça vous donne le ton : un réalisateur de génie, un casting époustouflant, tout ça n'annonçait qu'une seule chose, un très bon film ?

ET DONC ?

Et donc effectivement c'est un très bon film.

Wes Anderson, c'est du cinéma géométrique. C'est ce qui donne à ses films un ton unique et inimitable. Pas de gros plans ou de travelling chez Wes Anderson. Seulement des plans d'ensembles/de demi-ensembles, et des mouvement latéraux. On dirait que l'objectif est de capter à la fois le personnage en général, et le décor qui l'entoure.
Wes Anderson a même poussé la réalisation sur le format de l'image : le film prend place à trois époques différentes, et les dimensions de l'image changent pour chaque date. Le format moderne 16:9 pour notre époque moderne, on repasse sur du Super 4:3 pour les années 80 (format propre à la période), puis sur du Classique 4:3 pour les années 30, et heureusement le changement se passe parfaitement bien, bien joué Wes.
Cette caméra géométrique s'ajuste donc parfaitement avec le ton décalé du film. Chaque scène est pourvue d'un esprit humoristique mais sérieux dans le grand ensemble qu'est le film.

Le scénario lui même s'accorde avec la réalisation : Zéro Mustafa est le nouveau Lobby Boy du "Grand Budapest Hotel" et est en admiration devant Mr. Gustave, le maître d'oeuvre de l'établissement. Ce dernier entretient une relation avec une de ses clientes âgée. Quand cette dernière meurt, elle lui lègue un tableau au prix faramineux. Mr. Gustave s'attire les foudres du fils héritier et se retrouve accusé du meurtre de sa maîtresse.
Malgré un côté complexe au premier abord, le scénario se déroule cependant très bien sans aucun soucis grâce à une narration très très bien pensée, le film se compose de cette façon : une jeune fille lit un livre, l'auteur y raconte comment il a rencontré Zero Moustaffa le chef du GBH, qui lui même lui raconte comment il est entré dans le prestigieux édifice. Et le film commence réellement à partir de là.

Le film repose donc sur trois piliers essentiels : sa réalisation géométrique, sa narration typée "Inception" avec des retours au présents fréquents et efficaces, et surtout ses personnages.
Et que dire de cette mosaïque de personnages tout plus parfaits les uns que les autres. Bien sur un grand bravo à Ralph Fiennes qui interprète un personnage distingué au possible, respectueux au possible, avec un code d'honneur propre à tout les situations, faisant toujours preuve d'une assurance exceptionnelle, et qui pourtant se permet de temps en temps une réplique violente et vulgaire. Ralph Fiennes mène le film donc et donne la réplique à Tony Revolori, qui joue merveilleusement bien en Lobby Boy fidèle et admiratif, mais aussi fou amoureux.
Pour les rôles secondaires ont applaudit tout le monde, mon coup de coeur restant Willem Dafoe qui interprète pour la première fois un psychopathe froid et sanguinaire, à un grand niveau de cynisme, qui n'est pas sans rappeler Javier Bardem dans No country for old men. Bien sur on retient aussi Harvey Keitel dans le rôle du prisonnier barbare, Amalric toujours aussi fou en majordome modèle, et Adrian Brody en méchant de l'histoire fascisto-connard (terme approuvé par l'Académie Française).
Et je laisse même un petit mot pour Léa Seydoux, qui figure dans ma liste noire, pour lui dire qu'elle était toute gentille en soubrette.

Bon en plus la musique est merveilleuse, du classique grandiose, tout ce que j'aime.
En fait ce film, c'est concrètement tout ce que j'aime. Rythmé, bien fait, bien monté, bien joué, bien raconté. On ne peut pas ne pas aimer The Grand Budapest Hotel. Le film est attendrissant tout en restant drôle, on s'amuse des scènes de quiproquos et des exclamations distinguées de Ralph Fiennes, et ont verse presque une larme dans les scènes affichant Tony Revolori et sa fiancée.
On rajoute à cela une esthétique années 30 aux couleurs criardes et aux décors variés.
Bref, qu'est-ce qu'il manque à The Grand Budapest Hotel ? Rien dans le fond.

WOW, CONCLUSION

Conclusion, il faut aller voir The Grand Budapest Hotel, qu'on soit cinéphile ou non, qu'on aime Wes Anderson ou pas (ça me parait impossible). Dans la verve de Moonrise Kingdom, ce film plaira à tout le monde, même à toi oui.

Bon, bonne séance, et bonne vacances les loulous.

LE MOT DE LA FIN

Cette semaine, le mot de la fin revient à Pit qui nous dit de manière poussée :
"Les plans sont sublimes, l'utilisation de l'animation pour certains plans est assez singulière mais très agréable.
Des teintes magiques, des acteurs talentueux, un style décalé mais tout de même sérieux de par le ton luxueux du film. Seul point noir : la durée du film, trop courte pour le nombre d'acteurs talentueux, on ne sait plus trop où donner de la tête. Certains acteurs se contentant à de longs caméos (Harvey Keitel par exemple)."
Merci Pit, c'est ce qu'on appelle du bon travail.