Bullshit Ent

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dimanche 2 février 2014

Tel père, tel fils - Hirokazu Koreeda

Bonsoir tout le monde.
En ce moment chez Bullshit Ent. c'est la thématique "cinéma japonais". La dernière fois on a eu droit à un film d'animation, cette fois-çi on a affaire à un film avec de vrais acteurs en chair et en os.
Et le film d'aujourd'hui n'est pas des moindres puisqu'il s'agit de Tel père, tel fils de Hirokazu Koreeda qui a gagné l'année dernière le Prix du Jury au Festival de Cannes.

MISE AU POINT RESPECTUEUSE

Vous avez peut-être vu cette comédie qu'est La vie est un long fleuve tranquille d'Étienne Chatilliez, un film drôle mais en somme plutôt banal. Si je vous en parle c'est que le scénario est plutôt similaire : Ryoata est le père d'une famille japonaise aisée et accorde beaucoup d'importance à la réussite scolaire et sociale de son jeune fils Keita âgé de 6 ans. Mais toute sa vie s'effondre lorsqu'il apprend qu'en vérité, son fils a été échangé accidentellement à la maternité six ans plutôt avec celui d'une autre famille beaucoup moins aisée.
Un scénario similaire donc, mais une façon de traiter le sujet bien différente puisque Tel père tel fils ne laisse que très peu de place à l'humour.

On est donc en droit de regarder le film avec un oeil inquiet ; d'autant plus qu'il s'agit d'un film japonais et que le pays du Soleil Levant dispose d'une réputation cinématographique particulière.

DÉVELOPPEMENT TRADITIONNEL

Compte rendu global : le film est très bon.
Je suis allé voir le film avec comme seul argument ma mère qui m'a dit : "Mais si, c'est bien". Forcément, je partais pas d'un bon pied. Et pourtant je suis sorti de la séance complètement satisfait, et même ravi.

Commençons par le commencement (+1 pt évidence) : le casting.
Bon, je suis pas un professionnel des acteurs japonais donc j'ai aucune idée des précédents des acteurs, mais ils sont tous vraiment très bons. La performance est d'autant plus louable dans la mesure où le cinéma japonais a une certaine tendance au sur-jeu. Le film est porté par Masaharu Fukuyama qui excelle dans son rôle de papa sans coeur intransigeant plus accroché à l'honneur qu'à autre chose. Un rôle pas forcément évident puisque le personnage passe 90% à mépriser les autres protagonistes ou à rester sans âme. À l'opposé on trouve Lily Franky (no joke) qui est chaleureux, agréable, et même un peu chiant (le personnage l'oblige) dans son rôle de papa spontané un peu simplet qui aime ses enfants plus que tout. On salue également la performance des deux rôles féminins du film : Machiko Ono et Yoko Maki qui jouent deux mamans qui se rejoignent et qui souffrent ensemble malgré leurs différences sociales. Enfin, on applaudit Keita Ninomiya (oui oui, le même nom que son personnage) qui malgré son très jeune âge est très attendrissant et émouvant, et pourtant les gosses en général ça me laisse indifférent.

Du côté de la réalisation, Hirokazu Koreeda a très bien joué son rôle (+1 pt jeu de mot mauvais), avec une caméra épurée et une imagerie symbolique. Exemple : à un moment du film, les deux familles décident d'échanger les deux garçons pour une soirée. La séquence est courte mais intense, et surtout construite de manière symétrique autour d'un élément, "l'échange". Plan d'ensemble : la voiture de Ryoata traverse un champ de poteaux électriques en arrivant par la gauche. Caméra posée à l'avant de la voiture, on voit à travers le pare-brise, la voiture traverse deux rues et s'arrête devant le magasins de l'autre famille. Plan d'ensemble, Keita descend de la voiture et Ryusei (l'autre garçon) monte dedans par l'autre porte. Caméra à l'arrière de la voiture, on voit à travers la vitre arrière, le magasin s'éloigne, la voiture traverse deux rues. Plan d'ensemble : la voiture de Ryoata traverse le champ de poteaux électriques, en arrivant par la droite.
Et c'est comme ça pendant tout le film, toute les scènes sont filmées de manière intéressante et ingénieuse.
Un très bon point pour la réalisation donc.

Enfin la musique. Dans le film, la musique a déjà un rôle important puisque Keita peine à apprendre le piano comme son père le désire. Les scènes de répétitions de piano sont discrètes mais indéniablement présentes, et certaines ne manquent pas de faire sourire. Le piano a donc une place toute particulière dans l'ambiance du film, et toute les musiques et mélodies du film ne seront jouées que par cet unique instrument. Et je suis pas doué en musique, mon prof de collège saura en témoigner, mais j'ai quand même été conquis. En plus on nous sert pas de la contrefaçon japonaise, mais bien des morceaux plus que reconnus : les Variations Goldberg de J-Sébastien Bach.

Bref, j'ai énormément peu de choses à redire sur ce film. On m'a dit l'avoir trouvé un peu long mais j'ai trouvé que son rythme, effectivement pas très rapide, était nécessaire à l'histoire racontée. Une histoire dure et un peu terrifiante d'un papa qui n'arrive pas à être papa. Le film touche à beaucoup de thèmes récurrents chez les Japonais : le code d'honneur, la famille, le respect, le travail…


CONCLUSION DISTINGUÉE

Bon je crois que vous l'aurez compris, j'ai aimé le film et je pense qu'il mérite particulièrement le Prix du Jury que Spielberg a bien voulu lui octroyer.
Si vous n'êtes pas familiers avec le cinéma Japonais c'est un excellent long métrage pour commencer, un chef d'oeuvre made in japan.
Bref, courrez le voir si ce n'est pas déjà fait.
Bonne séance, et bonne soirée.

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