Bullshit Ent

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lundi 19 janvier 2015

Captives - Atom Egoyan

Bonsoir la populace, et désolé car j'écris avec un jour de retard, honte sur moi.
Bref, les excuses finies on va passer à la suite.

Hier j'ai donc été voir Captives film canadien dans le but de changer avec 2014, qui fut l'année des blockbusters.

MISE AU POINT

Inutile de vous parler longuement d'Atom Egoyan, le réalisateur du film, il n'est que peu connu du grand public français aussi ses oeuvres n'ont pas dû parvenir jusqu'à vous (et jusqu'à moi non plus d'ailleurs).
En revanche il est judicieux de signaler que Captives ("The Captive" en VO) a fait un petit détour par le très estimé et fort respecté Festival de Cannes, puisqu'il avait été selectionné pour la Palme d'Or (qu'il n'a hélas pas remporté).
On a donc à faire à un genre d'ovni lointain venu de la blanche et douce contrée du Canada, nominé sur La Croisette, et qui raconte d'ailleurs une histoire plutôt sombre et glauque.

DÉVELOPPEMENT

J'espère que vous admirez le tact et le doigté avec lequel j'ai orchestré la transition depuis l'introduction jusqu'au développement.
Une histoire sombre et glauque, oui, mais qui constitue la première qualité de ce film très très réussi : une petite fille se fait kidnapper et l'enquête sur sa disparition se poursuit sur huit ans. Entrent alors en relation les parents, les policiers, et surtout les ravisseurs, pour une enquête longue et prenante.

Un scénario avec du potentiel qui touche au douloureux thème de la pédophilie et des enquêtes policières qui y sont directement liée. Ce qui n'est pas sans rappeler le puissant Polisse de Maïwenn à l'échelle nationale.
Mais restons sur Captives qui peut donc se vanter d'un scénario extrêmement bien ficelé et tout autant passionnant et haletant alors que le rythme lent et calme ne semblait pas se prêter à une telle prouesse. De plus le film est basé sur un montage à temporalité brisée : c'est à dire que les séquences n'apparaissent pas dans l'ordre chronologique et que le spectateur doit se joindre à l'enquête en reconstituant la trame du film progressivement.
Pour épauler ce choix de montage particulier et ce scénario remarquable, on constate une réalisation de haut niveau. En effet, le film semble enveloppé dans une certaine retenue sonore et visuelle alors qu'il traite un sujet extrêmement violent. Aucune image n'est montrée et les propos chocs se comptent à peine sur les doigts d'une main. Et ce n'est pas plus mal : très rapidement le spectateur doit faire appel à son imagination pour appréhender la dureté et la réalité de l'histoire, dans un film où tout n'est que suggéré. Un choix de réalisation qui renforce indéniablement la force et la puissance du scénario qui, hélas, n'est pas sans rappeler les plus sordides faits divers.
On applaudit également les choix esthétiques : la neige blanche et pure, qui n'est pas sans faire écho à l'innocence de l'enfance et toujours à ce même sujet douloureux. Mais également les décors intérieurs souvent aliénant, étroits, exigüs, étouffant, qui pèsent sur le spectateur et les personnages et qui rajoutent de la tension. Un mot aussi sur le découpage de certains plans : notamment les scènes où l'antagoniste principal est assis sur son bureau et qu'il se reflète dans son miroir latéral, donnant l'impression qu'il se parle à lui même, et rappelant la dichotomie du personnage.

On pourrait parler des choix de réalisations et esthétiques du film mais ça durerait un peu trop longtemps et il faut en garder pour le formidable travail des acteurs. Notamment deux d'entre eux : Ryan Reynolds qui interprète à merveille le rôle du père meurtri, désespérément seul, et prêt à tout pour retrouver sa fille, même après huit ans ; et Kevin Durand dans le rôle du pédophile (?) fou à lier, psychopathe dualiste, qui prend plaisir à tourmenter la famille de Cass (la petite fille) huit ans après l'enlèvement, alors qu'il retient toujours la fille en otage.
Outre ces deux messieurs, tout le monde s'en sort très bien également, j'ai pas grand chose à redire là dessus, si ce n'est que le rôle de la mère dévastée qui fond en larmes à chaque scènes m'énerve toujours autant, mais rien à voir avec l'actrice en particulier.

Atom Egoyan a donc livré un magnifique film extrêmement bien réalisé, à mi chemin entre le film policier, le thriller, et le film minimaliste et intimiste d'auteur (à tri chemin donc ?). Et j'aimerais pouvoir vous parler toujours plus de l'aspect visuel du film, de l'histoire haletante, et de la façon de traiter cet ensemble mais j'ai un contrôle de Spé-SciencePo et un autre de Latin demain (#nobodycares).

CONCLUSION

Du haut niveau avec Captives, l'année commence très bien. Et si le scénario, la réalisation, et le jeu d'acteur n'auront pas séduit le prestigieux jury du Festival de Cannes, il a su convaincre celui de Bullshit Ent qui vous le recommande chaudement, même s'il est froid (merci merci).
Bon par contre il doit être en fin de diffusion et en plus il doit pas être dans toute les salles, donc bonne chance ! Mais allez quand même le voir.
Bonne soirée, et bonne séance.

LE MOT DE LA FIN

Cette semaine le mot de la fin revient à la très respectable Maman qui nous dit que "un très bon thriller angoissant et haletant qui laisse une grande place à l'imaginaire, où tout est suggéré"
Merci Maman.

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