Bullshit Ent

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dimanche 4 janvier 2015

The Riot Club - Lone Scherfig

Bonjour tout le monde, et par la même occasion, bonne année 2015.
Effectivement, vous l'avez sans doute remarqué, mais 2014 s'est achevé il y a quatre jours et nous revoilà tous repartis pour une nouvelle année qui sera, je l'espère, chargée cinématographiquement.

Pour bien démarrer cette année 2015 on se retrouve avec un film britannique qui n'a fait étrangement pas trop parler de lui dernièrement : The Riot Club de Lone Scherfig.

MISE AU POINT

J'avoue être allé voir The Riot Club un peu au hasard, juste parce que j'avais déjà vu Le Hobbit, Exodus, La French, et Interstellar. Du coup je ne savais quasiment rien sur le film, j'avais juste vaguement vu une bande-annonce rapidement. Bref en cherchant après coup j'ai donc appris que Line Sherfig était la réalisatrice de ce long métrage, et surtout que c'était une inconnue, du moins à l'échelle française. Elle a réalisé une dizaine de films, mais les sorties sont très irrégulières (on passe de deux par ans, à un tout les huit ans).
Pour ce qui est du casting, on a déjà à faire à des têtes plus connues : on retrouve Sam Claflin (Finnick de Hunger Games), Douglas Booth qu'on avait croisé dans Noé, et Natalie Dormer, la sulfureuse Lady Margaery de Game of Thrones. Le reste du casting est composé d'un panel de jeunes mâles dans la fleur de l'âge mais qui se sont cantonnés à des rôles secondaires dans des comédies anglaises que vous ne soupçonnez même pas.

Les bandes annonces nous vendaient des fêtes, de l'or, et de la débauche, mais l'équipe technique reste majoritairement inconnue : rien d'effrayant pour le cinéma anglais que je décris volontairement comme du cinéma français en plus hardcore.
"Challenge accepted".

 DÉVELOPPEMENT

Je suis un peu surpris, mais j'ai vraiment aimé The Riot Club.
J'ai passé un excellent moment en le regardant, je me suis très rarement ennuyé, bref l'expérience du film était agréable, et déjà ça veut tout dire.

Pour comprendre l'intérêt de The Riot Club il faut déjà revenir sur son scénario :
On nous raconte l'histoire de dix jeunes d'Oxford qui constituent une fraternité élitiste secrète au sein de la fac : Le "Riot Club". Le club existe depuis des siècles et a pour vocation de faire vivre des expériences de débauche inoubliable à ses membres en attendant l'arrivée dans la vie professionnelle.
Le film s'attarde sur le parcours de deux nouveaux élèves : Alistair Ryle (Sam Claflin) et Miles Richards (Max Irons) qui sont sollicités pour faire leur entrée dans ce Club très sélect.

Alors oui, le scénario n'est pas très original en lui-même, et on sent un arrière-goût de déjà vu : même The Social Network parlait de ce genre de sujet, et encore c'était une histoire ultra secondaire au sein du film.
Mais se serait une erreur de voir The Riot Club comme un film d'adolescentes, ou un énième Projet X. Déjà parce que ça n'a pas l'air de coller du tout à la filmo et au style de Lone Sherfig, et surtout parce que le film se prend très au sérieux et déborde d'un côté à la fois "trash " mais aussi "classy", là où les party movies se contente du côté trash.
Et surtout : The Riot Club s'offre le luxe d'un vrai développement du scénario et pas seulement d'un enchainement de vannes drôles mais répétitives (oui c'est à toi que je pense Projet X, et pourtant je t'aime bien tu sais…).
Je garde ça pour la fin, parce qu'il y a matière à dire.

Au niveau de la réalisation, Lone Scherfig a un style très personnel. J'ai rarement vu quelque chose de semblable au cours des dernières années. Le film joue en fait énormément sur la lumière et les filtres pour faire varier l'ambiance (c'est presqu'un film d'ambiance en fait).
Quand on est à Oxford, les couleurs sont chaudes et rassurantes, on rigole bien, bonne ambiance, etc. Mais très vite, le fait de sortir de l'université s'accompagne d'un changement drastique de décor et d'éclairage plus froid et austère qui tend à rappeler que les dix protagonistes ne sont des rois qu'au sein de leur établissement.
Protagonistes au développement intéressant puisqu'ils font tous leur apparition progressivement, et même si certains sont plus importants que d'autres, aucun ne semble plus ridicule ou moins utile qu'un autre. Ils suivent tous cependant le même schéma : le fils à papa/le riche héritier membre de la jet-set d'Oxford, qui est venu ici pour s'éclater à n'importe quel prix. 
Au sein même de ce groupe, certains personnages semblent enveloppés d'une aura unique : bien sur l'opposition entre Alistair et Miles, qui représentent chacun des aspect différents du Riot Club, l'un est cynique, violent, avide de reconnaissance, là où l'autre est chaleureux, intègre, bon vivant, et respectueux ; mais on peut aussi penser au Président du Club, blondinet froid aux allures royales qui donne un certain ton au film (#débauche #fric #pédanterie #toujours plus) et qui pourrait être une version plus stylée de Drago Malefoy, ou bien le beau gosse absolu qui a dû capter l'attention du public féminin et qui rappelle le côté jeunesse dorée.
Si je m'attarde tant sur les personnages, c'est bien parce qu'ils sont au centre de l'oeuvre, c'est d'ailleurs une des seules critiques que j'imposerai au film : on finit rapidement par s'intéresser plus aux personnages, qu'aux propos du film en eux-mêmes.

Ces personnages si intéressants, sont interprétés par une bande d'acteurs relativement fournie, où les charismes s'opposent et se complètent, et où finalement tout le monde trouve sa place et son rôle à jouer (#jeudemot). Au final même ce sont les rôles secondaires qui sont en réserve en comparaison à ce collectif de jeunes acteurs masculins : Holliday Grainer (jouant la copine de Miles) reste fade comme il faut, elle est même dans une certaine forme de sous-jeu alors qu'elle a tout de même une ou deux scènes particulièrement intenses, et même Natalie Dormer semble être juste venue pour montrer sa jolie frimousse.
Rien à redire sur le jeu des autres personnages sinon, j'approuve.

Bref, j'avais parlé du scénario un peu plus haut et de son intérêt, et bien le voilà.
[Attention, ceci est une alerte spoiler, si vous ne voulez pas gâcher votre expérience de film, arrêtez vous là]
Le film a donc été vendu comme un de ses bon vieux films de fête pour les jeunes, ces mêmes jeunes qui ne rêvent que d'être riche et de voir leur vie devenir une longue fête interminable. Et bien à mon avis, c'était un piège depuis le début.
Le film est rythmé en deux parties globalement égales (on va pas chipoter) : une première partie où tout les personnages font leur apparition, on découvre les enjeux du scénario, et où prennent place un certain nombre de gags et de situations décalées qui font sincèrement rire, et une autre partie sous la forme d'un long repas où le film prend un tournant complètement différent.
Et c'est là qu'est le piège : la bande annonce ne vend en fait que la première partie, qui correspond effectivement à l'idée que l'on peut se faire d'un film qui parle de jeunes et de fêtes. En fait, le film aurait pu s'arrêter à la fin de la première partie, on aurait pas été surpris et on se serait juste dit "c'était un peu cours quand même".
Et puis arrive cette deuxième partie où tout dégénère pour les jeunes hommes : le Riot Club nouvellement constitué se rassemble dans un restaurant gastronomique de campagne dans le but d'élire leur nouveau président, puisque l'actuel titulaire quitte la fac à la fin de l'année. Mais rapidement le repas atteint des sommets de débauche exceptionnels : toujours plus de plats, d'alcools, le Club devient sévèrement désagréable avec le personnel et se prend pour des petits princes, la drogue commence à circuler, une prostituée intervient, les garçons deviennent fous et commencent à ravager la pièce, la rivalité Alistair/Miles atteint son paroxysme quand la copine de Miles arrive au restaurant par erreur (Alistair l'a en fait sollicité) et que le Club lui propose de remplacer la prostituée… et puis finalement l'apothéose intervient lorsque le gérant du restaurant essaye de les faire partir, et que les garçons choisissent de lui éclater sévèrement la gueule sous l'impulsion d'Alistair. Le gérant s'en sort de justesse (mais gravement blessé) parce que Miles appelle une ambulance. La police arrête ensuite les membres du Club et Alistair est jugé comme responsable.
THE END.

Un coup dur : le film passe en une minute à quelque chose de violent et parfois même dérangeant alors que jusque là on s'amusait bien tranquillement.
Comme je l'ai déjà dit : c'est là l'intérêt du film, en vérité Lone Scherfig diffuse ici un avertissement et montre les effets dévastateurs d'une trop grande débauche, le cercle vicieux de la violence qui transforme les héritiers des meilleurs familles du Royaume Uni en bêtes sauvages assoiffées de sexe, d'alcool, et même de sang.
Le film est peut-être même un réquisitoire contre l'aristocratie britannique débauchée qui pisse sur le peuple depuis plusieurs siècles et qui peut tout s'autoriser sans en craindre les conséquences. 
Les dernières images sont réservées à Miles qui refuse de rester dans le Riot Club, et qui choisit la voie de la rédemption là où ses anciens camarades préfèrent prendre le risque de recroquer dans la Pomme et de rouvrir la boite de Pandore. 

The Riot Club est bien plus qu'un simple film de genre qui voudrait juste vous faire passer un bon moment, et derrière ses aspects banals, il véhicule un vrai message et c'est difficile d'y rester insensible tant Lone Scherfig insiste sur les aspects noirs de l'histoire.
The Riot Club n'est pas sans rappeler un certain film français que j'aime beaucoup : La Crème de la crème de Kim Chapiron où des étudiants d'HEC fondent un réseau de prostitution au sein de leur école et finissent par en payer les lourdes conséquences. Je recommande également.

CONCLUSION 

The Riot Club est un bon film, baigné dans un humour très très efficace (je pense notamment à la scène d'ouverture qui explique la fondation du Club), et qui n'hésite pas à imposer son message au spectateur.
Beau et soigné, c'est un film agréable à regarder ; même si certains rôles secondaires font tache dans le décor et que les personnages principaux deviennent rapidement plus importants que l'histoire elle-même.
Un petit mot pour la musique également qui ne restera pas dans les mémoires, ce qui est un peu regrettable.

Bref, je recommande fortement, ciao tout le monde et bonne année encore.

LE MOT DE LA FIN

Cette semaine et pour bien commencer l'année, le mot de la fin revient à Islay qui nous vient d'Écosse et qui nous dit en VO :
"I thought the movie was quite good and interesting. We could see what a student life was to a certain extent in this kind of university which is excessive parties but also hard working for some students in order to pay their students loan and to keep up with each others. However the main theme, the riot club, wasn't what I expected. The movie only showed one diner that indeed went completely wrong but I thought they would have showed various "experiments" of this club throughout the whole year. All in all it was a good movie but it could have been an amazing one if they used the riot club in a different way."

Thank you Islay, et à la prochaine tout le monde. 

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