Bullshit Ent

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dimanche 28 septembre 2014

Saint Laurent - Bertrand Bonello

Bonsoir, bonsoir. Encore une fois le cinéma français est à l'honneur cette semaine, puisque le film de cette semaine est bel et bien celui qui déchire les ardeurs et les passions de la critique journalistique, oui il s'agit effectivement de Saint Laurent de Bertrand Bonello.
Parce que sur Bullshit Ent, mine de rien, on aime le cinéma français.

MISE AU POINT

Si votre mémoire est bonne, ou si vous écoutez la radio régulièrement, vous savez qu'en Janvier de cette même année 2014, un autre biopic sur le célèbre couturier Yves Saint Laurent sortait en salle (la critique est d'ailleurs disponible sur Bullshit Ent).
Yves Saint Laurent de Jalil Lespert s'était targué de critiques très positives, et ma foi Bullshit Ent lui avait reconnu des qualités indéniables, notamment le flamboyant duo Niney-Gallienne.
Et voilà que moins d'un an plus tard arrive Saint Laurent de Bertrand Bonello. La critique semble conquise et consacre le jeune Gaspard Ulliel, tenant le rôle titre.

Fondamentale différence : Mr Pierre Bergé, le compagnon d'Yves Saint Laurent, avait approuvé le premier long métrage, alors que ce nouveau film, ne peut pas s'en vanter.
Que vaut donc Saint Laurent ? Réponse maintenant.

BONELLO VS LESPERT

Mon Dieu. Cette rentrée manquait de film mauvais, mais voilà que Saint Laurent vient rétablir la balance.
Fade, plat, glauque. Le film de Bertrand Bonello n'accomplit pas la moitié de ce que la production de Jalil Lespert réalisait.
Par où commencer pour aborder ces 2h30 d'images et de son ? Le synopsis : on se penche ici sur la période 67-76 du couturier, là où la version de Jalil Lespert couvrait l'ensemble de sa carrière. Pourquoi ce choix si méticuleux ? Un choix qui ne simplifie pas la compréhension du spectateur quant à la vie d'Yves Saint Laurent.
Bref, après tout le scénario c'est secondaire dans un biopic. Regardons plutôt la réalisation en elle même.

Bon, j'avais reproché au film de Jalil Lespert quelques longueurs et des éléments inexploités. Je reproche au film de Bertrand Bonello ses deux 2h30 interminables, qui passent difficilement.
Je reproche également un montage agressif, jusqu'au niveau du son. C'est très certainement voulu, mais c'est très certainement raté.
Je reproche également un fonctionnement en ellipse inutile, perturbant. Qui se mêle à une narration incongrue, morcelée en année plus ou moins longues : on ne s'intéresse vraiment qu'aux années 75-76 en vérité.
Toujours dans la réalisation, je ne sais absolument pas ce que le film voulait me raconter : visiblement la vie privée de Saint Laurent, puisque c'est ce qui occupe les trois quarts du film ? Mais dans ce cas, pourquoi consacrer la dernière séquence à la Collection 76, alors que la mode en elle même passait au second plan depuis le début ?
Pourquoi s'attarder sur des évènements épisodiques qui semblent importants au premier abord, et qui se révèlent inutiles par la suite : par exemple, la rencontre de Betty Catroux qui apparait comme phare lors de la séquence qui lui est dédiée, alors qu'elle n'aura que des apparitions qu'on peut comper sur les doigts de la main dans le reste du film.
Belle tentative de montage lors du défilé 76, faire du Mondriant à l'écran c'était audacieux, mais pas forcément beau ni agréable, dommage.

Et bien sûr un petit mot sur ce qui a choqué : les innombrables scènes à caractère sexuel. Il y en a souvent, tellement souvent qu'au bout d'un moment on les redoute : la salle soupirait à chaque scène un peu tendancieuse, mine de rien c'est significatif. On peut dire sans crainte que Saint Laurent est aux homosexuels ce que La Vie d'Adèle était aux lesbiennes, un "porno soft" (la formule n'est pas de moi) distribué à grande échelle.

Non vraiment film, tu n'as rien accompli en tant que film et ça c'est dommage.
SL 0 - YSL 1

ULLIEL VS NINEY

Le choc des Titans est donc à ce niveau là selon la critique : qui de Gaspard Ulliel ou de Pierre Niney est le meilleur Yves Saint Laurent ?
Si votre mémoire est bonne, j'avais salué la performance de Pierre Niney, sans pour autant déclarer qu'il portait le film, comme l'on fait beaucoup de gens.
Pour moi, Gaspard Ulliel n'est pas un mauvais YSL, il est même plutôt bon. Finalement, les deux acteurs jouissent de la même voix, des mêmes mimiques, il n'y a guère que les vêtements qui changent.
Mais Ulliel n'a pas eu la chance d'être porté par une belle réalisation, il reste à la hauteur du film, loin du succès qu'il mérite.

SL 0 - YSL 2

RENIER VS GALLIENNE 

Dans le rôle du mécène, compagnon, et patron d'YSL, se retrouvent Jérémie Renier pour Bonello, et Guillaume Galliène pour Lespert.
Et là, le résultat ne fait pas l'ombre d'un doute. Renier est fade, inexistant, maladroit durant toute sa prestation. Dans la version Lespert, la vraie performance à mes yeux était celle d'un Guillaume Gallienne décalé, cynique, sévère par rapport au reste du film.
Ici Renier est vide, les scènes qui lui sont consacrées sont parfois même d'un ridicule profond. Il vient, tend une liasse de billets, parle avec des anglais, puis s'en va.
Comment rater à ce point le second rôle phare du film ? Comment ignorer la relation Saint Laurent/Bergé de cette façon ?

Décidément film, tu t'enfonces.
SL 0 - YSL 3

SEYDOUX VS LEBON

La voilà. Mon ennemie jurée, le serpent du cinéma français. La belle Léa Seydoux prend ici les traits de Loulou de la Falaise, mannequin phare d'Yves Saint Laurent. Elle est LE rôle féminin dans ce film à l'ambiance homosexuelle palpable, elle se devait de briller.
Face à elle, Charlotte LeBon, qui tenait dans le film de Jalil Lespert le rôle de Victoire Doutreleau, le premier mannequin important lié à YSL.

Pas de surprise, je crois qu'à ce niveau votre mémoire est bonne, je n'aime toujours pas Léa Seydoux. Dans ce film plus que jamais, elle est là pour remplir l'écran de sa jolie frimousse, mais rien d'autre. En fait, j'ai même l'impression que le film ne cherche pas à la mettre en valeur.
Elle mène son rôle cependant de manière cohérente, dommage qu'elle soit si réservée et insipide pour un rôle probablement électrique (spéculation, je ne connais pas Loulou de la Falaise, je vous invite à me faire passer ses coordonnées si possible pour vérifier).
Je n'élaguerai pas sur Charlotte LeBon qui était tout à fais convenable dans Yves Saint Laurent.

SL 0 - YSL 4.

CONCLUSION

Pas la peine de continuer plus que ça : Saint Laurent est un mauvais film à mes yeux, et il faut me le faire dire parce qu'en général je suis indulgent.
N'allez pas le voir, 2h30 c'est vraiment long.

LE MOT DE LA FIN

Cette semaine le mot de la fin revient à la sévère Maman, qui nous dit : "Interminable. À fuir"
Merci, comme ça au moins c'est clair.

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