Bullshit Ent

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dimanche 8 mars 2015

[AP] Un homme idéal - Yann Gozlan

Bonjour tout le monde, non vous ne rêvez pas : c'est bel et bien un article de Bullshit Ent publié en temps et en heures que vous lisez actuellement.

MAIS ce n'est clairement pas le détail le plus important de cet article qui est bel et bien unique : pour la première fois vous allez lire une critique de film, alors que le film n'est pas encore sorti. Car oui, Bullshit Ent était pour la première fois de son histoire à l'avant-première.
*musique de triomphe*

Aujourd'hui c'est donc, en avance, Un homme idéal de Yann Gozlan.

MISE AU POINT

Yann Gozlan ne vous dira sans doute rien, c'est normal puisqu'il n'en est qu'à son deuxième long-métrage, le premier étant Captifs daté de 2006, lui même précédé d'Echo, un court métrage réalisé en 2004.
Le point commun de ces trois films, est leur genre : Yann Gozlan ne fait que dans le thriller, un genre qui revient en vogue dans le cinéma français ces derniers temps.
Bref, si son film attire l'attention c'est surtout pour grâce à l'acteur qui tient le rôle principal : le légendaire, le tombeur, le seul et l'unique, Pierre Niney de la Comédie Française, récemment détenteur du César du Meilleur Acteur.

Pour faire simple, on a donc un étrange thriller entre le mains, mais porté par une valeur plus que sûre du cinéma français. Un mélange plutôt intrigant, réussi ? Réponse maintenant.

DÉVELOPPEMENT

Force est de constater que Un homme idéal n'a pas l'apparence d'un deuxième film un peu hasardeux. Très professionnel, et très bien traité, ce long-métrage présente indéniablement une grande qualité.

Commençons par le scénario, qui est sans doute la pièce maitresse du récit : Mathieu Vasseur, 26 ans, est un jeune homme vivant modestement, contraint de travailler dans la boite de déménagement de son oncle. Autrement, Mathieu écrit. Mais il doit faire face à la meurtrissure de l'échec lorsque les éditeurs refusent irrémédiablement de publier son livre.
Mais tout change pour Mathieu lorsqu'il tombe sur le journal d'un soldat de la Guerre d'Algérie, qu'il publie sous son nom. Dès lors il goute à la célébrité absolue et à la consécration, mais rapidement son mensonge le rattrape.
Sans être une révolution, le scénario est très intéressant et arrive à brasser un nombre de thèmes assez conséquents. Notamment la question de la quête identitaire, la peur de la page blanche, et le prix du mensonge et ses conséquences.
On a ici affaire à un scénario de thriller bien construit qui ne laisse que peu de place au repos pour le spectateur. Le fil narratif nous tient en haleine tout au long du film, et c'est un très bon point pour ce genre de film.

Ce scénario qualitatif est soutenu par une réalisation talentueuse. Une grande partie du travail de réalisation semble reposer sur la manière de planter les décors (l'action se déroule principalement dans une villa dans le Sud de la France, du lourd). Un exercice difficile mais qu'Yann Gozlan réussit avec brio, j'applaudis par exemple les premiers plans d'ouverture sur l'immeuble de banlieue dans lequel vit Mathieu, on comprend immédiatement l'ennui, la douleur, et la morosité qui résident dans ces barres d'immeubles grisâtres. De la même façon, on ne se laisse pas tromper par les couleurs chatoyantes et brûlantes de la maison de Provence, les grands angles et les vastes salles réussissent à la rendre labyrinthique, profonde, voire menaçante.
Le travail sur l'ambiance et l'atmosphère du film est à applaudir aussi. Le plus dur dans ce thriller, c'est de faire ressentir toute l'histoire du point de vue de Mathieu, il faut que l'on comprenne qu'il n'est jamais en sécurité, toujours en proie à une certaine forme de paranoïa schizophrénique. Plan serrés, musique angoissante, actions qui s'enchainent, là aussi Yann Gozlan maîtrise son sujet.
Il faut dire que le jeune réalisateur semble aussi maîtriser ses classiques, puisqu'il cite volontiers dans ses influences les célèbres Plein Soleil de René Clément, Match Point de Woody Allen, et même Le Talentueux Monsieur Ripley d'Anthohy Minghella.
Je doute qu'il faille chercher une large symbolique dans le film de Yann Gozlan, mais s'attarder sur les thèmes évoqués plus haut est en revanche plutôt pertinent : Mathieu Vasseur est un homme confronté à l'échec dans sa passion, mais l'usurpation de l'oeuvre d'autrui lui permet de parvenir à la vie dont il a toujours rêvé. C'est là que la quête identitaire intervient : le jeune homme est continuellement divisé par la hantise de son crime, et la satisfaction de voir son bonheur se réaliser. Cette division met son esprit et sa conscience à l'épreuve, et les divers épisodes sanglants qui ponctuent le film participent également à l'emphase de la situation de Mathieu. La scène finale du film met enfin l'ultime accent sur ce phénomène de quête identitaire, une scène d'ailleurs très puissante qui justifierait à elle seule d'aller voir le film.
Le plus dur dans la réalisation aura été de faire passer Mathieu non pas pour un dangereux sociopathe mythomane, mais bien pour un individu perdu pour qui il faut éprouver une certaine compassion et de la compréhension.

Mais ce dernier détail est facilité par la prestation du merveilleux, du génial, du majestueux Pierre Niney qui remplit les salles de fans en délire. Ici son interprétation est très juste, même si particulièrement intense dans certains moment. Il sait faire preuve d'un naturel simple ou d'un costume d'apparat quand nécéssaire, il arrive même à bien jouer le mauvais acteur dans certaines scènes. Du très bon travail.
La performance de son jeu repose également sur le duo majestueux qu'il compose avec Ana Girardot elle aussi excellente dans le rôle de la jeune femme surintelectuelle, qui se laisse tromper par Mathieu et qui nage dans une confiance aveugle vouée à l'être aimé.
Yann Gozlan a beaucoup insisté sur le travail du duo d'acteurs, sur lequel repose une grande partie du film, qui se veut par moment très intimiste, et le résultat offert par Pierre Niney et Ana Girardot est effectivement bluffant.
Il est intéressant de noter que Pierre Niney a adoré ce rôle qui lui permet sans doute de briser avec Yves Saint Laurent, et qui rappelle que le comédien est une des grandes étoiles du cinéma français.

Un homme idéal est donc une réussite technique, visuelle, et narrative, et ce, grâce au travail du jeune réalisateur, du jeune comédien, et de la jeune actrice.
C'est donc un film jeune qui réussit à apporter de la fraîcheur dans le champs visuel français, qui est d'ailleurs en train de se renouveler. 

CONCLUSION

Allez voir Un homme idéal. C'est un très bon film, très agréable à voir, beau, bien interprété et qui saura vous tenir en haleine pendant deux heures. Un thriller comme on en fait plus, ou plutôt comme n'en fait que depuis très récemment.
En bref, je vous conseille chaudement de vous précipiter dans les salles le 18 Mars le jour de sa sortie nationale, et surtout n'oubliez pas de signaler que c'est Bullshit Ent qui vous l'a recommandé, car après tout, on l'a vu en avant-première n'est ce pas ?

Oui je fais ma pub, non je n'ai pas honte. Bonne journée, et bonne -future- séance.

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